mardi 5 avril 2011

Traquée

Un roman de Cassandra O'Donnell, publié chez J'ai Lu.

Nouvelle-Angleterre, Burlington... Pas de délinquance, élue la ville la plus paisible des États-Unis, bref, un petit havre de paix pour une sorcière condamnée à mort et bien décidée à vivre discrètement et clandestinement parmi les humains. Malheureusement, en arrivant ici, je me suis vite aperçue que la réalité était tout autre et qu'il y avait plus de démons, de vampires, de loups-garous et autres prédateurs que nulle part ailleurs dans ce foutu pays. Mais ça, évidemment, ce n'est pas le genre de renseignements fournis par l'office de tourisme. Maudit soit-il...

Le résumé ne me branchait pas plus que ça, le format encore moins... Pourquoi me suis-je alors laissée tenter ? En fait, je n'aurais pas posé les yeux sur ce livre si je n'avais pas lu les premiers chapitres sur Vampires et Sorcières. Peut-être que si j'avais été jusqu'au sixième j'aurais laissé tomber, mais sur le moment l'histoire m'a intriguée. Avec une sorcière, mère de surcroît, comme héroïne, et un intéressant système de clans en arrière-plan (bon je ne suis pas tout à fait bien placée pour savoir si c'était original ou non comme idée), je pensais tenir là de quoi me réconcilier avec ce genre ou au moins un roman distrayant... Sans compter que je n'ai lu que des critiques enthousiastes... Mais j'ai été quelque peu déçue et au final mon avis est des plus mitigés.
Je ne peux pas dire que l'histoire est réellement mauvaise, l'histoire principale j'entends, parce que j'ai plutôt apprécié l'enquête menée par Rebecca, même en ayant été franchement désappointée par la fin que j'ai trouvée bâclée... Bon, c'est vrai, tout dans ce livre est un peu facile, les sentiments comme les situations, le caractère caricatural des personnages principaux comme l'enquête elle-même. Mais je lui ai trouvé l'avantage de ne pas être aussi inégale que c'est souvent le cas pour les ouvrages de ce style dans lesquels l'auteur se souvient souvent à la toute fin qu'il y avait un mystère à élucider et le fait d'un coup de baguette magique... Ici les investigations évoluent petit à petit et même si on voit bien avant Rebecca où tout ça va nous mener, c'est appréciable d'avoir une vraie enquête qui n'est pas là pour colorer une intrigue amoureuse, mais qui est bien l'histoire principale.
Et puis j'ai bien aimé en outre l'idée de ces clans qui au sortir d'une guerre ont bien du mal à collaborer...
Les personnages en eux-mêmes ne sont pas exceptionnels, bien que certains m'aient parus sympathiques, malgré leur côté caricatural. Il y a des seconds rôles intéressants, avec du potentiel, mais peut-être que s'ils avaient été plus développés je leur aurais fait les mêmes reproches qu'aux autres...
Parce qu'en fait ce qui m'a vraiment agacée tout au long de ma lecture, ce qui a en grande partie fait que je n'ai pas aimé, c'est que ce roman me paraît être une somme considérable de clichés et de bouts de ficelles empruntés à d'autres histoires, même si je n'ai probablement pas vu le quart des références qu'il doit y avoir... Je sais qu'on n'invente rien en littérature, que tout revient sous de multiples formes, mais ça m'a laissé une mauvaise impression persistante.
On nous refait aussi le coup exaspérant du lien mystique qui justifie les coups de foudre à répétions et les sentiments faciles, tout en, évidemment, jouant sur le côté couple contre-nature... C'est d'autant plus rébarbatif qu'on sent bien en fait la volonté de l'auteur de trouver à son héroïne un amant dans chacun des clans présents (hourra encore plein de liens mystiques en vue. Quel étrange besoin de toujours se justifier avec des clichés...), tout un cultivant cette histoire d'amour sirupeuse à souhait...
Il y a beaucoup de coquetterie dans cette histoire, je veux dire dans la conception de celle-ci, dans cette trame qui ne va pas au-delà de ce fantasme qu'on essaie désespérément de nous fourguer à toutes les sauces... C'est aussi chiant que de mâchouiller un chewing-gum qui a perdu sou goût depuis longtemps...
Et il y a tellement de choses qui sonnent faux...
Je n'ai pas aimé Rebecca, je ne l'ai trouvée ni cohérente ni vraisemblable (elle torture froidement des gens, mais manque vomir quand d'autres le font devant elle. Elle a été élevée par des psychopathes sans cœur dont l'obsession est l'entraînement de leurs enfants qui doivent devenir de vraies machines à tuer, mais sa grand-mère a pris le temps de lui apprendre à faire un bœuf bourguignon... Ouais, bien sûr...), l'histoire de la conception de sa fille m'a gonflée et la relation qu'elle entretient avec elle sonne aussi creux que ces deux personnages... J'ai été très déçue par tout ce manque de crédibilité.
Et puis Rebecca est une Mary Sue... La version dark, un peu plus supportable et moins courante, pourtant ça ne change rien à l'affaire... Je n'aime pas les personnages surpuissants (et non le fait de lui donner des difficultés à se maîtriser n'y change rien, c'est aussi un trait du schéma de base...)
Mary Sue, tout le monde l'a déjà croisée, que ce soit sous une forme ou une autre... La Mary Sue est donc toute-puissante et exceptionnellement douée en tout, comme je le disais précédemment, mais souvent la pauvre chérie est effrayée par son pouvoir et voudrait juste être normale. Elle est aussi atypique par son physique et souvent son espèce dans les genres de l'imaginaire, supérieure à ceux qu'elle fréquente c'est une élue, une légende, etc., elle est en général coupée de son clan, élevée par d'autres ou, comme c'est le cas pour Rebecca, chassée pour une quelconque raison, mais qui la met toujours en valeur, du bon côté de la barrière. Quoi qu'il en soit, elle est toujours très importante pour son clan, en général c'est une future reine ou un truc de ce genre...
Même ses défauts sont des qualités déguisées... Et ses origines sont souvent obscures, elle finit toujours par apprendre quelque chose sur elle qui la mortifie, mais au final elle gère ça tellement bien qu'elle devient à elle seule un espoir immense pour tous les clans et blablabla...
Bref, les délires habituels...
Vous voyez que vous la connaissez cette brave Mary Sue.
Alors évidemment la version dark est un peu plus rebelle, un peu plus méchante, mais ça reste un tissu de clichés éculés... Cela associé à des minauderies incessantes et à une vie sentimentale pathétique tellement elle est cousue de fil blanc, vous conviendrez que ça peut agacer et qu'on oublie vite le potentiel d'une histoire face à ce genre de personnages...
Ajoutons à cela que le roman est bourré d'erreurs (et pour une fois on ne peut pas taper sur les traducteurs, n'est-ce pas ?), avec des mots à la place d'autres, de nombreuses fautes d'orthographe, de grammaire, de syntaxe, mais surtout de conjugaison et de concordance des temps... Des participes passés à la place d'infinitifs, des imparfaits qui remplacent des passés antérieurs, le verbe faire au subjonctif confondu avec le verbe être, j'en passe et des meilleures...
Oui, je sais, tout le monde fait des fautes et je n'échappe pas à la règle. Je ne me formalise pas en général pour quelques coquilles, mais là franchement c'est se foutre de la gueule du lecteur, l'écriture c'est un métier, l'édition aussi; même pour ce genre de littérature...
Bon, maintenant que j'ai passé mon coup de gueule du jour, que pourrais-je dire pour conclure ?
Ce fut une lecture rapide et heureusement pleine d'action, ça a fait passer plus vite, les minauderies de Rebecca, Raphaël et Mark, mais aussi atténué la superficialité qui se dégage du quotidien de l'héroïne et de sa fille, cependant ça n'en est pas moins une lecture plutôt décevante et les derniers chapitres qui servent d'ouverture à la suite ne m'ont pas franchement donné envie de la connaître, bien au contraire.


2 commentaires:

  1. Ah ça fait du bien de lire autre chose que des louanges sur ce livre!! Pas pour le plaisir de casser un livre mais parce que j'avais l'impression que tout le monde s'était passé le mot pour ne dire que du bien et ne voir aucun défaut. Très bonne critique!

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  2. Merci. D'un certain côté ce que tu me dis est rassurant. Après avoir lu tant de critiques extrêmement positives, j'ai été assez surprise lors de ma lecture, même si je sais que tout est affaire de goûts.

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