jeudi 14 novembre 2013

La petite copiste de Diderot

Un roman de Danielle Digne, publié chez Le Passage.


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La petite copiste de Diderot

Au début de la seconde moitié du XVIIIe siècle, la bataille de l'Encyclopédie fait rage : cette magnifique entreprise placée sous le signe des Lumières et de la liberté de penser voit se dresser contre elle la censure du pouvoir et la colère des dévots. C'est dans ce contexte tourmenté que Félicité, une jeune paysanne née sur le plateau de Langres, est envoyée à Paris pour devenir la copiste de Denis Diderot. Elle a appris à lire et à écrire, fait exceptionnel à l'époque pour une enfant de sa condition, et assistera le philosophe dans ses diverses tâches littéraires et sa correspondance. Malgré leur différence d'âge et d'érudition, une forte complicité se noue rapidement entre eux. Fascinée par le génie du grand homme, son inépuisable générosité et son goût des plaisirs, la jeune fille se passionne pour les combats de l'Encyclopédie tandis que Diderot ne reste pas longtemps insensible à la fraîcheur et au regard candide que cette petite paysanne porte sur une société parisienne alors en pleine effervescence. Dans les salons littéraires, elle va croiser nombre de figures de la " société des gens de lettres " : le baron d'Holbach, madame d'Épinay ou encore d'Alembert. On y parle de Montesquieu, de Rousseau, de Voltaire. Mais dans un siècle où souffle le vent des idées, les amitiés sont fragiles, et alors que Félicité progresse à grandes enjambées sur la route du savoir, l'irruption de l'abbé Ferdinando Galiani, un libertin napolitain, risque fort de troubler l'intimité de la petite copiste et de son maître.



Cela faisait longtemps que je n’avais plus lu de roman historique et je suis assez contente d’être tombée sur celui-ci pour mes retrouvailles avec ce genre.
Marie n’a pas seize ans quand elle part pour Paris où elle deviendra la copiste de Denis Diderot. D’extraction paysanne, elle a appris à lire grâce à sa mère qui a été élevée dans un couvent. Ayant malheureusement perdu ses parents, elle a été recueillie par un cousin de sa mère, curé de campagne qui, soucieux de son avenir, usera de ses relations pour lui trouver une situation plus conforme à ses talents et capacités.
Marie, devenue Félicité pour plaire à Diderot qui n’aime pas les prénoms religieux (c’est ironique venant d’un homme dont la fille se nomme Marie-Angélique) est un personnage intéressant. On la voit évoluer au contact du philosophe et c’est un plaisir de suivre les réflexions qui ponctuent le roman. Félicité est un personnage sympathique. Il est plaisant de la voir grandir et devenir femme, même si, sans être anachronique, elle manque un peu de réalisme d’un point de vue historique. Ceci dit, je ne suis pas non plus une spécialiste, je le reconnais volontiers.
Les chapitres sont courts, souvent tissés d’anecdotes et de réflexions qui restent malheureusement assez succinctes, mais piquent la curiosité du lecteur et le pousseront peut-être à aller chercher plus loin. J’ai vraiment apprécié les références littéraires ainsi que la réflexion sur la femme et sa place dans la société. La religion alimente aussi, bien évidemment, les débats de nos personnages.
De manière légère, superficielle mais néanmoins cohérente, on apprend à connaître Diderot à travers ses écrits, qu’il s’agisse de ses essais, ses articles, ses fictions, ses écrits sur l’art et surtout sa correspondance. L’auteur les évoque, les cite parfois, s’en sert pour alimenter les discussions de Félicité avec son maître. Cependant, c’est au travers de l’œuvre de sa vie, son combat pour la rédaction et la publication de l’Encyclopédie que l’on apprend le mieux à connaître l‘homme. Tout cela nous est relaté avec la distance nécessaire, sans un foisonnement de détails, mais c’est une manière assez ludique d’approcher l’œuvre de Diderot ainsi que sa vie.
J’ai trouvé original de consacrer un roman à cet auteur, même au travers du regard d’un autre personnage. Tout en étant très connu de nom, Diderot n’est pas non plus le plus populaire ni le mieux connu des philosophes des Lumières. Dans le cadre de la fiction romanesque, c’est certainement Voltaire qui a inspiré le plus d’auteurs et il y avait de quoi. Cependant, Diderot se révèle un « personnage » plein de potentiel, que j’ai également trouvé assez émouvant dans son combat.
La petite copiste de Diderot est avant tout un roman d’apprentissage. Il relate la vie d’une jeune fille qui cherche à élever son esprit, mais reste simple, faisant plus dans le réalisme que le romanesque. Pas d’aventures rocambolesques ou de fortes émotions ici, mais une certaine sensibilité, alliée à une écriture douce. C’est très agréable à lire.



3 commentaires:

  1. Ca a l'air sympa comme bouquin ! Tu me donnes envie :D

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    1. J'aime les romans historiques, surtout quand ils sont réalistes sans virer à la leçon. Celui-ci est effectivement très sympa et bien écrit.

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  2. Je pense que je vais me laisser tenter alors :) Ca me changera agréablement !

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