samedi 31 décembre 2011

La bande de la belle Alliette

Souvenir judiciaire.
Un roman d'Eugène Chavette, visiblement tiré d'un fait réel.

Quatrième de couverture :
Nous sommes en 1838, à Paris. Le «Vieillard» sort du bagne, déjà serré au plus près par deux agents de la Sûreté. Il rejoint une bande de voleurs qui élaborent un coup qu'ils pensent facile et enrichissant. Nos deux agents se joignent à eux, se faisant passer pour des malfrats. Mais la vie réserve parfois de surprises, et ils en auront tous leur comptant...

La petite histoire, avant que je vous donne mon avis sur cet ouvrage...
Il me fallait un ultime classique pour terminer, à la dernière minute comme il est d'usage pour moi, le défi lecture d'ABFA et Vampires & Sorcières. J'avais choisi Moll Flanders, un bon vieux pavé, mais pour diverses raisons ne me suis que peu avancée dans cette lecture... Alors je me suis dit qu'un truc rapide à lire, un polar par exemple, ça ne me ferait pas de mal. La dernière minute décidée à s'écouler bien trop vite j'ai dû faire avec ce que j'ai trouvé ce matin pour me débarrasser de la corvée...
Cruelle erreur.
Lecteurs, lectrices, ne soyez jamais fainéants, même à l'approche du réveillon quand vous avez mille choses à faire.
Parce que j'aurais pu choisir un bon vieux Agatha Christie, Maurice Leblanc ou Conan Doyle et que nenni, j'ai voulu un truc que je n'avais pas déjà lu...
Enfin bref, vous verrez bien que je l'ai payé, j'ai pourri ma matinée avec ça, alors écoutez mon conseil : Ne soyez jamais de fainéants lecteurs.

Franchement, ça avait l'air sympa... Ça sentait le roman noir populaire, ce qui n'est pas pour me déplaire. Roublardises, magouilles et coups fumants, un brin d'argot, des personnages qui paraissaient piquants et gouailleurs, un style vif...
Ouais, bon, tout ça c'était au début.
Le style vif devient vite lapidaire, sans élégance, intérêt ou raffinement quelconque. Il se fait même pénible tant il finit par ressembler à une lente énumération de faits. Le compte-rendu final du procès est tout particulièrement indigeste.
Alors oui je comprends la nécessité de coller aux faits puisque l'ouvrage est inspiré d'une affaire réelle (ce que je ne savais malheureusement pas en tournant ma première page), mais entre la partie romancée déjà pas terrible en soi, avec ses morceaux de récits découpés à l'emporte-pièce, et les notes du procès qu'on nous sert sans la moindre mise en forme, on peut difficilement faire plus mal écrit. C'est à se demander pourquoi vouloir tirer un roman de cette histoire si l'on n'en exploite pas la matière.
Ce texte n'a ni l'attrait du roman, ni l'intérêt du documentaire qui décortiquerait une affaire judiciaire de façon pointue et objective.
Et les personnages... Pourtant intéressants au départ ils perdent vite toute substance. Que ce soit le chef de bande, la beauté un peu trop futée, le flic têtu ou le gamin désespérant de cynisme, tous, après avoir pourtant harponné mon attention, ont fini par me lasser irrémédiablement. C'est à croire qu'à mi-chemin de son récit l'auteur avait décidé de torcher le tout vite fait.
J'ai donc fait de même avec ma lecture et espère l'oublier bien vite.
Je n'ai rien trouvé qui précise quel était le but de l'auteur ou les circonstances dans lesquelles ce roman est né. Donc si vous pouvez remédier à mon inculture, ne vous gênez pas. J'avoue que ça m'a laissée perplexe.

Mais c'est avec cette purge que je termine néanmoins le défi lecture ABFA et V&S 2011.
J'espère que celui de 2012 se finira sur une meilleure note.

Derrière le masque

Ou le pouvoir d'une femme.

Un roman écrit par Louisa May Alcott, publié aux éditions Interférences. (Étant d'une futilité grandissime, je ne peux m'empêcher de vous dire que leur papier est génial.)
Il existe également en version poche aux éditions Joëlle Losfeld.

Quatrième de couverture :
Qui se cache sous le masque de Louisa May Alcott, l'auteur des Quatre filles du Dr March ?
Mondialement connue pour ses romans destinés à la jeunesse, Louisa May Alcott écrivait aussi sous des pseudonymes de troublantes histoires de secrets de famille, de vengeance et de pouvoir, dans lesquelles des femmes indépendantes se libèrent des préjugés pour prendre leur revanche sur un monde masculin qui cherche à les enfermer dans un carcan de conventions.
Doubles vies, doubles visages, faux-semblants et illusions : ici, personne n'est ce qu'il paraît être. De même que l'auteur pénètre par un subterfuge dans l'Amérique littéraire du XIXe siècle, l'héroïne de Derrière le masque s'introduit dans l'aristocratie anglaise grâce à une mystification.
Si l'énigme à la fois littéraire et psychologique que représente cet écrivain est déjà connue du public anglo-saxon depuis une trentaine d'années, c'est seulement aujourd'hui que le lecteur français va pouvoir enfin découvrir l'envers ténébreux de son œuvre.
Ce roman ambigu contient sans doute l'une des clés du mystère Louisa May Alcott.

Il s'agit donc, comme la quatrième de couverture nous le promet, d'un roman sur les apparences, la manipulation et la réussite sociale, mais qui, s'il est habilement mené, n'est pas non plus exceptionnel et en tout cas n'apporte rien de bien nouveau au genre.
Jean Muir, gouvernante de son état et nouvellement admise dans le foyer d'une famille de la noblesse, semble avoir un certain goût du spectacle. De fait, on voit dès le départ où la petite ambitieuse souhaite en venir. Mais y réussira-t-elle ?
Derrière le masque fait partie d'une série de romans que Louisa May Alcott publia sous pseudonyme. Elle affectionnait les ouvrages de littérature populaire, romans feuilletons, univers noirs et gothiques, comme elle en faisait d'ailleurs écrire à sa Jo. De fait, c'est ce qu'elle a mis en scène dans ses propres romans qui s'apparentent à de la littérature de sensation pour leur époque.
Derrière le masque n'est pas le plus fantasmagorique ou extravagant, ni celui qui fait montre du plus grand talent. Il est certes très bien écrit, use de quelques ressorts typiques du roman feuilleton, bien qu'il n'en soit pas un, mais il reste sans surprise majeure.
C'est pourtant un roman qui ne manque pas de finesse et dont le cynisme est fort plaisant. Il dépeint surtout la nature humaine, grossissant légèrement le trait, mais pas tant que dans d'autres ouvrages de son auteur, en cela il reste plutôt crédible et agréable. Il a aussi un petit quelque chose de désuet qui ne manque pas de charme et séduira sans doute les amateurs de romans noirs poussiéreux (le terme n'étant pas péjoratif, d'ailleurs je m'inclus dans le lot).
Il se lit très vite, bien que l'histoire n'en paraisse pas moins un peu longuette pour le lecteur qui, sachant à quoi s'attendre, peine un peu face à la naïveté des Coventry. S'il est vrai qu'ils méritent assez qu'on essaie de les duper et que l'héroïne s'y prend plutôt bien, le fait de savoir dès le départ qu'elle joue un rôle enlève un peu de subtilité à l'histoire, même si la fin reste peu assurée jusqu'à l'avant-dernier chapitre. Et, surtout, c'est l'exagération permanente de Jean Muir dans son jeu qui devient un peu agaçante à mesure que l'histoire avance.
Sur le pouvoir de séduction et les artifices dont usent les femmes pour séduire même les plus récalcitrants, j'ai préféré la pièce de Goldoni : La Locandiera. La fin y est certes plus mitigée, avec une morale un brin trop masculine, même si hommes et femmes en prennent chacun pour leur grade, mais l'auteur y a déployé plus de subtilité et d'élégance dans sa description des ruses féminines.
Derrière le masque n'en est pas moins un bon livre, fort distrayant, et il est toujours plaisant de découvrir d'autres écrits de Louisa May Alcott que ses si célèbres Quatre Filles du Docteur March.

mercredi 28 décembre 2011

La Lettre Ecarlate de Nathaniel Hawthorne

Des écrits de Nathaniel Hawthorne, je crois bien n’avoir jamais lu que des extraits en cours de littérature ou de traduction. Et j’avais depuis longtemps envie de lire La lettre Écarlate, entre autres de ses travaux. En cela, le défi lecture d’ABFA et Vampires & Sorcières m’a fourni une très bonne occasion et je ne le regrette pas.

Un mot d’abord concernant l’introduction dans laquelle l’auteur nous explique, tout en circonvolutions et anecdotes, car il en va ainsi de son écriture, très évocatrice, mais aussi fluide et capricieuse qu’un fleuve, comment cette histoire lui échut et pour quelles raisons il devait impérativement nous la raconter. Ce texte fut à lui seul un excellent moment de lecture tant j’ai apprécié les réflexions d’Hawthorne concernant l’écriture et le métier d’écrivain, mais également grâce à l’éclat tout particulier de son style, à la fois élégant et tortueux. Tout cela savamment mêlé nous laisse apprécier quel personnage il devait être : homme brillant à l’esprit vif, dont l’imagination ardente et la sensibilité exacerbée, tout autant que son humour extrêmement pointu et caustique, imprégnaient l’écriture. Il savait ne pas s’égarer, ni perdre son lecteur au détour de ses apartés ou autres écarts accordés au fil principal de son récit. Le tout reste donc plaisant malgré tant de tours et détours.
Instructive, drôle, mais aussi émouvante par bien des aspects, cette antichambre du récit a suffi à me conquérir. Et l’histoire elle-même n’a fait que renforcer mon sentiment. Mais je vous dois d’abord un mot sur l’essence-même de celle-ci…
C’est d’abord l’histoire d’une femme, Hester Prynne, condamnée à porter sur sa poitrine un signe infamant : la fameuse lettre écarlate, un A comme adultère, mais c’est surtout, au final, l’étrange histoire de la façon dont l’esprit humain peut vivre sa honte, son remords, sa frustration ou sa vengeance, entre autres sentiments impérieux. En cela, Hawthorne a fait un magnifique travail sur la psychologie de ses personnages car même si elle ne nous en paraît pas moins excessive ou curieuse à nous dont les mœurs sont ceux de notre époque, elle fait montre d’une grande finesse qui, j’en suis sûre, me marquera longtemps.
Ce récit est de nature à mortifier son lecteur. Qu’on soit ou non dérouté par les réactions des personnages, par l’importance omniprésente de la religion dans leur vie, leurs pensées comme leurs actes, ou simplement par une façon de penser si différente de la nôtre, on ne peut qu’être emporté par cette histoire. C’est là que résidait tout le talent de conteur de Hawthorne, menant son lecteur par le bout du nez, il le faisait passer d’un point à l’autre de toute une palette d’émotions. Son écriture elle-même est fascinante, et je pèse ce mot. Il avait une capacité incroyable à évoquer certaines scènes et émotions à tel point qu’elles se muent en fantômes, évanescents mais pourtant quasiment palpables, sous les yeux du lecteur qui est pourtant bien loin de l’esprit qui anime ce récit.
S’il a distillé beaucoup moins d’humour dans ce texte-ci, bien qu’il y en ait un peu, discret, caché au détour d’une des phrases fleuves qu’il semblait affectionner, c’est sans doute pour mieux rendre son récit vivant et vibrant d’émotion. Et c’est une réussite car il a vraiment su insuffler à ses mots quelque chose de cet élan surnaturel vers lequel le portait sa si fine sensibilité. C’est ce style si puissamment évocateur qui fait de La Lettre Écarlate un récit si prenant et poignant qui restera gravé dans ma mémoire.

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mardi 27 décembre 2011

Top Ten Tuesday 15 : mes dix coups de coeur de 2011

Je ne suis pas d'humeur très loquace en ce moment, mais pour mes meilleures lectures de l'année je vais faire un petit effort.
Elles ne seront toutefois pas classées dans un quelconque ordre de valeur et comme je ne suis pas très douée pour résumer en seulement quelques phrases des ouvrages qui m'ont marquée, il faudra, si vous souhaitez plus de précisions, vous rendre sur les pages qui leurs sont dévolues dans mes carnets.





5. Ainsi naissent les fantômes de Lisa Tuttle.
Je me rends compte que je n'ai toujours pas fait de billet sur celui-ci. Il faudra que je corrige cette erreur...




9. La Vestale du Calix d'Anne Larue

10. A l'ombre des pleurs de Cécile Guillot.
J'ai pris un peu (beaucoup) de retard dans la rédaction de mes billets, celui-ci ne saurait tarder...

Bien qu'elle ne soit pas un coup de cœur de même mesure, je vais ajouter à la liste la série de Patricia Briggs : Alpha et Omega car elle fut une très plaisante découverte de l'année.
J'ajoute aussi la série Harper Blaine de Kat Richardson dont l'univers m'a beaucoup intéressée.

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Le Top Ten Tuesday est un rendez-vous hebdomadaire organisé par The Broke and the Bookish. Je vous invite à cliquer sur l’image pour voir le billet de la semaine et les liens vers ceux de tous les blogs qui y participent.

lundi 26 décembre 2011

Masky

Un roman de fantastique historique écrit par Viviane Etrivert et publié aux éditions Argemmios.


Magnifique couverture, n’est-ce pas ? Elle a été réalisée par Krystal Camprubi.
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Quatrième de couverture :
An de grâce 1599. Renaissance tardive.
Au carrefour des influences slaves et germaniques, alors que les guerres de Religion persistent à déchirer l’Europe, la Moravie conserve ses traditions d’un autre âge et sa mémoire païenne, dans une paix fragile.
Mais là où les femmes se rassemblent pour se transmettre le vieux savoir, au travers de gestes immuables, certains hommes ont beau jeu de parler de sorcellerie et de brandir un terrible ouvrage : le Malleus maleficarum.
Noël approche. À Ostrov, on se marie. Dans les rues de Velky, les barbora distribuent des cadeaux et la troupe des loups-garous, bruyante et paillarde, fait charivari.
Neige et tempête. Dans les bois, près du Rocher de l’Ourse, rôde un inquiétant loup gris à trois pattes. Et un moine étrange va et vient, demandant aux passants pétrifiés si son hurepiau lui sied bien.
La fête peut-elle se poursuivre, quand des crimes se commettent dans l’ombre ? Et que faire, quand la Justice tombe soudain entre les mains d’un sinistre individu ?
D’abord, répondre à la question que tous se posent : qui a tué le juge Michna ?
Masky est mon grand coup de cœur de fin d’année et tout ce qui me vient à l’esprit pour l’expliquer est tout simplement : alors ça c’est un roman !!!
Oui, je sais qu’il va falloir que je fasse mieux… Mais pardonnez à l’avance mon manque d’éloquence, ne le reprochez pas au roman qui vaut bien mieux que ce que je saurais en dire et surtout lisez-le.
Ce récit, aussi passionnant qu’il est intelligemment construit, nous emporte dans la tourmente d’une fin de XVIème siècle superstitieuse, déchirée par des guerres fratricides, assombrie par la méfiance et la suspicion, les abus des uns et la crédulité des autres…
Masky n’est pourtant pas uniquement tissé de cette noirceur. Il y a entre ses lignes, entre la foi de certains et l’incursion de la légende, entre la sorcellerie et les brumes oniriques, un petit quelque chose de magique qui chasse les ténèbres ou les tient à distance à tout le moins, malgré la dureté de cette histoire.
Masky est à la croisée des genres. Roman historique très bien documenté, avec des accents de thriller, mâtiné d’un fantastique discret mais efficace, basé sur les légendes et le folklore, il nous entraîne sur plusieurs pistes à la fois sans jamais perdre en route cette diversité qui en fait un récit aussi brillant que prenant.
J’ai particulièrement apprécié le fond folklorique qui sous-tend le roman, ces anecdotes et croyances qui m’ont donné envie d’en savoir toujours plus sur les contes, légendes et croyances tchèques. Et j’ai aimé en retrouver d’autres déjà connues sous cette forme ou sous une autre, qu’il s’agisse de références littéraires ou folkloriques. Je m’émerveille toujours de voir à quel point des cultures paraissant si différentes peuvent en fait se rejoindre… Mais ceci est une autre histoire. Retenons juste pour cette fois que l’auteur fait dans ce roman un usage de la légende à la fois pointu et didactique qui est de nature à me séduire irrémédiablement.
Seul bémol pour moi : une fin un peu trop hâtive à mon goût, qui m’a quelque peu frustrée car j’aurais voulu en savoir plus sur ces personnages auxquels je me suis attachée. Mais ce n’est qu’un détail… Masky m’a offert d’excellents moments de lecture, m’a happée dans son univers, appris des choses, je me suis délectée de l’écriture de son auteur et de l’érudition dont elle fait preuve et j’espère que vous l’apprécierez de même.

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vendredi 9 décembre 2011

Aurore d'Enrique Fernandez

Cette bande-dessinée d'une cinquantaine de pages est publiée chez Soleil, collection Métamorphose.


Notre peuple a perdu la foi...
Les dieux anciens, qui nous protégeaient pas le passé, sont aujourd'hui offensés que nous les ayons oubliés en ces temps de pénurie.
Y aurait-il une dernière chance pour que nos esprits brillent à nouveau tels une aurore après la nuit ?

Le peuple de la petite Aurore est divisé : d'un côté ceux qui croient encore aux esprits anciens, de l'autre ceux qui, au désespoir, ont choisi de ne plus croire en rien. Néanmoins tous semblent d'accord sur un point : ils ne veulent pas quitter leur terre natale malgré leurs difficultés. Alors certains persistent à tenter de survivre, tandis que d'autres baissent les bras.
Cependant, un événement extraordinaire va tout changer, un ruisseau doré serpente soudain en plein cœur de leur village, transformant en statue les deux téméraires qui ont osé y toucher...
Ainsi commence la quête d'Aurore, prisonnière entre deux mondes, entre celui des hommes et des anciens, auprès des esprits de la terre.
Avec pour compagnon Vokko, étrange esprit-animal, cynique et désabusé, elle va devoir trouver un moyen de venir en aide à son peuple et de se sauver elle-même.

"Vous cherchez toujours à avoir une réponse pour tout et quand vous ne l'obtenez pas directement vous enquiquinez tout le monde jusqu'à ce que qu'on vous la donne."
C'est ce que Vokko dit à Aurore au début de sa quête, alors qu'elle ne sait plus qui elle ni d'où elle vient. Et c'est à la fois drôle et triste, mais ça montrera aussi par la suite, d'une certaine façon, que la ténacité a quelque chose de touchant dans sa naïveté.

C'est vraiment une très belle histoire. Parfois mélancolique, d'autres fois émouvante ou drôle, toujours empreinte d'une certaine magie et de chamanisme, mais également d'un pragmatisme un peu désabusé qui rend le tout très réaliste. C'est un curieux mélange, mais il prend bien.
Il a la saveur des contes, récits connus depuis toujours, qui parlent si bien à cette partie de nous, la plus lointaine, qui s'exprime en sensations et non en mots. Quelles que soient les diversités de nos cultures et de ceux que nous avons entendus enfants, il y a toujours dans ces contes quelque chose qui fait écho à nos propres croyances. Les contes sont des passerelles entre les cultures et celui-ci ne fait pas exception.
Cette quête initiatique nous montre les plus mauvais côtés de l'humanité, mais également les meilleurs. Nous ne valons certes pas grand-chose, comme le lui font remarquer les êtres qui croisent le chemin d'Aurore, mais demeure en nous une certaine poésie qui, si nous savons l'écouter, nous fait faire aussi de belles choses.
La fin est vraiment magnifique et m'a totalement séduite. Je ne m'attendais pas du tout à cela, mais j'ai trouvé qu'elle sonnait particulièrement juste. C'est elle qui donne toute sa dimension poétique à cette histoire qui sinon pourrait sembler un peu vaine.
J'ai adoré le personnage de Vokko, ses répliques cinglantes, sa nature à la fois cynique et fidèle, mais s'il reste mon préféré, les autres personnages se sont révélés plus attachants que je ne l'aurais cru au départ. Que ce soit Moma, les parents d'Aurore ou la petite peste qu'est cette dernière, tous ont su gagner mon affection, même fugacement.
J'ai beaucoup apprécié l'aspect à la fois brossé et délayé des couleurs. Le rendu est magnifique sur les paysages. Par contre le dessin est assez particulier. Si Vokko est génial et qu'Aurore a une bonne bouille, comme d'ailleurs les esprits qu'elle croise, ainsi que Moma la chaman, les villageois eux ne m'ont pas vraiment charmée. Un peu trop figuratifs, peut-être... Et j'ai parfois trouvé que leurs expressions manquaient de nuances. Mais c'est une question de goût car le tout est néanmoins très cohérent dans son style et nous offre vraiment un bel album.
La dernière illustration d'aurore et de Vokko est tout simplement sublime.
C'est une histoire tous publics, mais j'aurais bien du mal à vous dire à qui elle s'adresserait le mieux et ça me gêne un peu... Entre ses nombreuses métaphores et son style graphique particulier, je doute qu'un jeune public y trouve son compte. Cependant, à l'inverse, des adultes pourraient trouver le tout, histoire comme illustrations, un peu simpliste. C'est une affaire de charme, il opère ou pas, mais j'ai trouvé quant à moi que malgré sa simplicité il avait un petit quelque chose de spécial.


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mardi 6 décembre 2011

Top Ten Tuesday 14 : dix livres qui ont accompagné mon enfance

Le Top Ten Tuesday est un rendez-vous hebdomadaire organisé par The Broke and the Bookish. Je vous invite à cliquer sur l’image pour voir le billet de la semaine et les liens vers ceux de tous les blogs qui y participent.

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Sérieusement, choisir seulement dix livres est une torture, alors ne me demandez pas non plus de les classer par ordre de préférence...

1. Tous les livres de Roald Dahl.
Oui, je triche dès le début et sans honte. Je n'exagère pas si je vous dis que cet auteur a vraiment participé à mon éducation.
Gudule a écrit dans La Bibliothécaire (qui au passage est un très bon livre pour enfants) quelque chose comme : les livres ont des passages secrets qui mènent les uns aux autres. C’est tout à fait vrai et en cela l’univers de Roald Dahl a longtemps été pour moi une sorte de bois d’entre les mondes. Je ne lirais pas comme je lis et je n’écrirais pas comme j’écris si je n’avais pas connu cet auteur.

2. L'appel de la forêt de Jack London.
Ce livre-ci m'a beaucoup appris. J'ai dû le lire des dizaines et des dizaines de fois, de l'enfance jusqu'à l'âge adulte... Je n'ai, par-contre, jamais aimé Croc-Blanc.

3. Bravo Tupinetta ! de Pierre-Dominique Sammarcelli.
Ce livre a été réédité depuis en version bilingue, mais moi je me souviens avec une affection certaine de la version rose flashy, avec ses illustrations entre gouache et aquarelle... Mon exemplaire a été tellement lu et trimballé qu'il est très abîmé aujourd'hui...
Mais je parle de moi et pas du livre. Comment vous le résumer ?
C’est l’histoire de la petite souris des dents de lait, de ses choix, de son apprentissage, de ses amitiés, de sa première mission pour le Père Noël... C'est un très bel ouvrage.

4. Cornes d’aurochs et poils de yack de Gérard Franquin et Philippe Barbeau.
Je me souviens de délicieuses illustrations colorées, mais surtout d'une très belle histoire en plusieurs parties.
Margot, une fée maladroite a dépassé les bornes avec sa dernière bévue, elle a dû quitter le royaume des fées en toute hâte et se cacher dans la peau d'un chien. Mais son jeune maître s'étant rendu compte de sa véritable identité, elle se met à lui raconter son histoire en détails...
J'ai littéralement adoré ce livre.

5. Un chant de noël de Charles Dickens.
Qui ne connaît pas ce texte ? (Au moins grâce à Walt Disney...)
On me le lisait quand j'étais petite, bien avant que je sache lire et il a curieusement marqué mon imaginaire. Je dis curieusement, parce que j'en retrouve parfois d'improbables échos dans ce que je fais ou écris.

6. Les quatre filles du Docteur March de Louisa May Alcott.
Ce manuel d’éducation à l’usage des jeunes filles, qui semble si bien pensant et gentillet à l'adulte que je suis, n’en est pas moins un texte que j’ai adoré étant enfant. C’est une histoire qui m’a accompagnée et m’accompagne encore. Elle est moralisatrice par instant, un peu puritaine, mais elle a aussi un côté subversif moins évident à voir à notre époque.

7. Le merveilleux voyage de Nils Holgersson à travers la Suède de Selma Lagerlöf.
Un livre sur lequel je fais une telle fixation que j'en possède plusieurs traductions...

8. Flore et Blanchefleur.
Quand j'étais en cp, notre institutrice nous faisait chaque semaine emprunter un libre à la bibliothèque de l'école, c'est comme ça que j'ai eu celui-ci entre les pattes.
C'était une adaptation du texte médiéval. Un des rares textes idylliques à nous être parvenus, qui peut paraître très sirupeux et gentillet aux adultes, mais qui est en fait très symbolique.
Cette histoire est, pour je ne sais trop quelle raison, restée gravée dans ma mémoire très clairement. Vingt ans après, me décidant à en lire une autre version, j'ai été plus qu'étonnée de voir tout ce dont je me souvenais. Ça allait de l'histoire de la bague de Flore, aux détails de la fausse tombe, en passant par la façon dont le Sultan choisissait ses femmes...

9. P'tit Jean et la Sorcière.
Je ne sais plus du tout qui en était l'auteur, mais c'était dans un numéro de J'aime Lire.
Ce brillant petit conte fait en fait référence à plein d'autres, mais de façon très subtile.
C'est l'histoire d'un petit garçon orphelin à qui une vieille dame offre deux pains "l'un pour maintenant et le second pour tous les autres jours." Alors l'enfant enterre le second pain et celui-ci donne un arbre qui produit des pains au lait... Étant de nature généreuse, il les partage avec tous les pauvres des environs, jusqu'à ce que sa renommée soit si grande qu'il attire l'intérêt d'une méchante sorcière qui n'aura dès lors qu'une obsession : le capturer pour en faire un délicieux ragoût.

10. La série des trois détectives.
Il y avait plusieurs auteurs et je ne me souviens plus de leurs noms, c'était une série publiée par la bibliothèque verte. Tous les ouvrages n'étaient pas égaux en qualité, ça dépendait de l'auteur... Je me rappelle plus particulièrement du Perroquet qui bégayait et du Chat qui clignait de l'oeil qui sont parmi les premiers que j'ai lus.

Et là je craque, je ne peux pas m'en tenir à dix...
Ajoutez à cela un nombre incalculable de contes (ceux d'Andersen m'ont énormément marquée, mais j'aimais aussi ceux des frères Grimm,) Le petit Nicolas de Sempé et Goscinny (toute la série, mais plus particulièrement les vacances), le roman de Renart, un exemplaire de l'Odyssée en version enfant, très complet quant aux diverses aventures d'Ulysse, tout en étant très abordable pour les enfants et bien écrit (faut que je retrouver les références), Les loups en papillotes (je ne me souviens plus du nom de l'auteur... Ça parle d'un couple de monarques despotiques et cinglés qui ont décidé de manger des loups en papillotes. Pas du poisson, de vrais loups... Et ça tombe bien parce qu'une bande de ces animaux, encore plus cinglés que les monarques de l'histoire, sévit dans les environs...), Le jardin secret de Francès Burnett, les Contes de la rue Broca de Pierre Gripari, Les histoires comme ça et le Livre de la Jungle de Rudyard Kipling, Les patins d'argent de P-J Stahl, Le vent dans les Saules de Kenneth Grahame, l'histoire sans fin de Michael Ende et une histoire de diable et de bouteille de Stevenson... Et tant d'autres que ma mémoire vacillante me soufflera sans doute trop tard pour leur rendre justice.

vendredi 2 décembre 2011

Éphémère T1, le Dernier Jardin

Un roman de Lauren DeStefano, publié chez Castelmore.

L'humanité croyait son avenir assuré. La science avait créé des enfants parfaits, immunisés contre toutes les maladies. Mais qui pouvait imaginer le prix à payer ? Car désormais, personne ne survit au-delà de vingt-cinq ans. Le monde a changé. Pour les jeunes femmes, la liberté n'est plus qu'un souvenir. Au nom de la survie de l'espèce, elles sont kidnappées et contraintes à des mariages polygames. Rhine a seize ans. Quand elle se réveille dans une prison dorée, elle n'a qu'une idée en tête : fuir. Qu'importe l'amour que lui portent son mari et ses sœurs épouses. Quand on n'a que quelques années à vivre, la liberté n'a pas de prix.

Vaut-il mieux vivre retiré du monde, dans un confortable cocon, en se considérant déjà mort ou dans la réalité comme si on avait la vie devant soi ?
La recherche d’un antidote peut-elle tout justifier ?

Ce roman m’intriguait beaucoup et il faut dire que le sujet en lui-même est bien trouvé. Futur incertain, manipulations génétiques qui ont mal tournées, cela n’a rien de bien novateur dit comme ça, mais avec ce petit côté Barbe Bleue en plus, ces possibles réflexions sur la condition féminine, l’éthique scientifique et les paradis artificiels, l’idée ne manquait pas de charme.
Seulement voilà, elle n’est pas suffisamment exploitée à mon goût. Tout ce qui fait le sel du récit y est en fait plutôt secondaire. L’auteur avait la matière pour faire de ce Dernier Jardin un roman grandiose, un huis clos effrayant et surtout mystérieux. Elle aurait pu jouer beaucoup plus sur les apparences, mais a malheureusement préféré s’attarder sur d’autres aspects de l’histoire. Le fait qu’Éphémère soit une trilogie y est sans doute pour beaucoup, il faut se ménager quelques révélations. Mais c’est quand même dommage, surtout que certaines d’entre elles, concernant l’histoire globale, semblent assez prévisibles pour la suite.
Au final, tout semble très manichéen. J’aurais aimé qu’on me mène en bateau, être captivée, surprise, ne pas savoir distinguer le vrai du faux, j’aurais voulu des personnages plus nuancés, ne pas savoir tout de suite qui sont les gentils, qui sont les méchants...
Je ne m’attendais pas non plus à ce que l’histoire verse dans le glauque, après tout c’est un roman pour ado, mais j’espérais quand même un peu plus de maturité, quelque chose de moins artificiel.
Le fait que la narratrice ne soit pas omnisciente, puis qu’elle raconte l’histoire au présent ménage certes un peu de mystère, surtout concernant les véritables motivations des gens qui l’entourent et qu’elle ne peut qu’interpréter, mais pas autant qu’il l’aurait fallu. Habituée au fantastique et à ses univers troubles, j’ai trouvé que ça manquait de nuance et de crédibilité. Il est très dommage de ne pas avoir suivi cette piste.
Rhine étant forcée à l’observation, on passe donc beaucoup de temps à suivre ses atermoiements et autres suppositions. C’est bien écrit, mais si on a dépassé l’âge on aura forcément du mal à s’immerger dans l’histoire et à apprécier l’héroïne. J’aurais préféré une alternance des points de vue qui aurait pu être très enrichissante dans cette histoire et qui aurait sans doute généré plus d’empathie pour ceux qui, comme moi, n’ont pas réussi à s’attacher à l’héroïne.
L’histoire est tout de même plaisante sur bien des points, même si ce n’était pas ce que j’espérais. Le public cible y trouvera facilement son compte.
Quant à moi qui suis une vieille grincheuse, même si j’ai réussi à faire abstraction de cette romance un peu trop cousue de fil blanc et du côté très girly de ce récit, j’ai quand même eu du mal à trouver le reste de l’histoire vraisemblable.
Un rhinocéros indien pourrait facilement me faire croire qu’il est une licorne (bon d’accord Beagle m’a prévenue,) j’accepte facilement ce que les auteurs me racontent de plus bizarre, mais ce roman-ci manque souvent de logique. Je n’ai pas réussi à y croire et c’est probablement ce qui m’a gênée le plus.
Entre autres choses, je veux bien croire qu’en un tel monde, alors que l’humanité est en pleine perdition, les femmes soient les premières victimes. Je veux bien croire qu’on les instrumentalise plutôt que de leur accorder le statut privilégié que devrait en toute logique justifier cette situation. Par contre, là où j’ai du mal à suivre c’est quand celles que les Ramasseurs ne vendent pas sont tuées. Parce qu’un seul homme n’en a pas voulu ? Une trentaine de filles qu’ils se sont donné un mal fou à enlever ? Sachant qu’il leur en faudra sans doute encore un bon nombre pour leur prochain client, j’ai beaucoup de mal à trouver de la logique à cet acte tout à fait gratuit et pour le moins stupide si les femmes sont une marchandise si précieuse…
C’est un détour un peu facile, comme il y en a tant d’autres.
Mais tout autant que du récit lui-même, cette impression d’invraisemblance qui ne m’a pas quittée vient aussi des réactions des personnages. Jenna par exemple, dont la triste histoire aurait pu être un pilier de ce roman, perd de sa crédibilité comme on souffle une bougie. Je ne m’explique toujours pas certaines de ses réactions, même si d’autres suivent un plan bien précis. Et pourtant c’est un merveilleux personnage, de loin mon préféré avec Rose. Ce sont elles qui ont rendu ce récit émouvant pour moi.
Rhine est quant à elle d’une étonnante incohérence et je ne parle pas là du fait qu’elle puisse d’une certaine façon s’attacher à son époux (après tout, syndrome de Stockholm, etc.) Vous parler de ses plus grandes incohérences vous gâcherait l’histoire, alors je vais me contenter d’une petite…
Rhine aime beaucoup se poser en moralisatrice, défenderesse des valeurs de l’humanité d’autrefois, elle vous parlera de liberté, de respect des morts, des femmes et de tout un tas d'autres concepts, mais ça ne la gêne pas d’avoir pour domestique personnelle une petite fille qui ne doit même pas avoir la moitié de son âge et qu’elle appelle à la moindre occasion pour se faire masser les chevilles ou couler un bain…
C’est marrant comme pour Rhine tout est relatif…
Et Linden, le fameux époux en question… Que devient-il dans tout ça ? Comment peut-il ne pas comprendre ce qui se passe autour de lui ? (S’il le sait, franchement c’est un excellent acteur. Mais s’il ne le sait pas, il devrait arrêter la luzerne) Pourquoi personne ne lui dit rien ?
Parfois je me suis demandé s’il n’avait pas autant de personnalités que d’épouses…
C’est d’autant plus déroutant qu’en fait ils sont tout à fait cohérents pendant une partie du récit, leurs réactions étant motivées par la vie qu’ils ont eue, mais que par à-coups leur psychologie semble changer du tout au tout et ça part en vrilles.
Il y a beaucoup de facilités de toutes sortes dans ce récit et ça enlève au côté dramatique, voire horrifique, dont ne peut pas se passer une telle problématique. Je crois que si on choisit un sujet aussi malsain, l’édulcorer devient vite d’un goût plus douteux encore. Il y aurait vraiment eu matière à faire de ce Dernier Jardin un roman adulte. La version jeunesse, pour bien écrite qu’elle soit et agréable à lire ne me marquera pas.
Je conseille toutefois ce livre aux filles de l’âge de Rhine. Ce n’est pas le roman du siècle, mais ça peut être une plaisante lecture qui, de surcroît, n’est pas dénuée de réflexions intéressantes, même si on ne fait que les effleurer.

mercredi 16 novembre 2011

Les contes de la bécasse

Un recueil de nouvelles de Guy de Maupassant.

Pour une fois, je vais me payer le luxe de vous résumer moi-même l’amorce du recueil.
Imaginez une tablée de gros bourrins de chasseurs (j’ai le droit d’en dire du mal, mon père pourrait en être) dont l’hôte a deux passions : les histoires et tirer le pigeon depuis sa fenêtre…
Parce qu’il est paralysé le gars, faut le savoir, et ne pouvant plus aller gambader en forêt il a trouvé l’alternative de poster un valet dans les buissons qui de temps en temps lui lâche des pigeons… C’est pathétique et c’est à peu près le gros de ses occupations…
Il adore également inviter tous ses grands copains à chasser sur son domaine, se réjouir du moindre coup de fusil, toujours posté à sa fenêtre et organiser le soir des banquets où l’on s’empiffre de gibier. (Je vous promets, je n’ai rien de particulier contre les chasseurs. Contre les viandards par contre… Ahem…)
Mais revenons à nos moutons (à défaut d’un autre mot qui ferait la rime), pour allier les deux passions précitées, notre hôte n’a rien trouvé de mieux que de réinventer le jeu de la bouteille, mais avec une tête de bécasse… Celui que désigne le bec a le droit, non pas de bécoter un de ses convives (ou alors plus tard dans la soirée peut-être) mais de croquer toutes les têtes de bécasses. Il devra en revanche raconter en retour une histoire à ses compères.
Qu’est-ce qu’on se marre durant les repas de chasseurs…
Et c’est ainsi que naît l’excuse qui permet à l’auteur de nous raconter toutes ces petites histoires…
Je vous en épargne le détail, bien évidemment, mais vous laisse mon avis sur l’ensemble à vous mettre sous la dent si je n’ai pas réussi à vous dégoûter de cet ouvrage.

Bon, il faut le savoir pour commencer : je n’aime pas les écrits de Maupassant. Rien de ce que j’ai pu lire de lui, qu’il s’agisse de lectures imposées par des professeurs sadiques (ou pire, ayant tout simplement mauvais goût) ou de choix personnels, n’a trouvé grâce à mes yeux, même si certains textes m’ont marquée.
C’est le titre de cet ouvrage qui m’a intriguée et je n’ai pas lu le résumé de crainte de me décourager d’emblée. Et puis je me suis dit qu’il était temps de réessayer… Même si je ne m’attendais pas à ce que mon point de vue sur cet auteur change radicalement, faut pas rêver… (Et puis comme chacun sait je suis aussi un peu maso…)
Sur l’écriture elle-même il n’y a rien à dire. Le style n’est pas mauvais en soi, évidemment, mais n’a rien d’exceptionnel non plus. Il n’est ni poétique, ni élégant, ni vraiment travaillé. C’est de la simplicité crue, concise, le moyen nécessaire au récit plus que l’écrin de celui-ci. C’est Maupassant quoi… Avec lui ce n’est pas l’écriture qui compte, ni la façon de raconter, c’est la nature humaine sous le vernis qui s‘écaille. Et si je ne trouve pas toujours moi-même un intérêt à son propos, c’est sans doute parce qu’il est extrêmement réaliste et que la réalité étant à ma porte, je n’ai pas besoin non plus qu’il me la raconte.
L’avantage de plusieurs histoires courtes est évidemment qu’on se lasse moins vite, mais ce ne fut néanmoins pas une lecture des plus plaisantes.
La forme de ce recueil est somme toute très classique : une petite histoire en introduction sert de lien à tous les récits qui suivent. Ceux-ci n’auraient autrement aucune cohésion. Leurs deux seuls points communs sont qu’ils se passent pour la plupart en Normandie et qu’ils nous démontrent à quel point l’humanité est pourrie jusqu’à la moelle…
Faut croire que tous ces chasseurs ont le vin mauvais. Ils ne trouvent à nous raconter que des histoires plutôt sinistres. C’est un peu un florilège de sentiments humains, parmi les pires pour la plupart. On glisse du dégoût à la nostalgie, en passant par l’effroi, on est confronté à l’avarice, la bêtise et la rustrerie. Certaines histoires sont cruelles et rudes, voire même sordides, d’autres d’une grinçante ironie, certaines sont denses et pleines de réflexion, d’autres d’une clarté vaporeuse et intangible. Oui, il y a un moment où je me suis prise au jeu. Mais ça n’a pas duré…
Ces récits mettent en scène la bêtise et tous les travers de l’humanité, s’en moquent parfois mais les regardent de loin en général. Ils sont souvent empreints d’une profonde misogynie et d’un détachement dérangeant. C’est ce que j’appellerai pour ma part de l’horreur ordinaire, réaliste, et c’est pour ça qu’elle est dérangeante. Les chasseurs, eux, semblent plus s’en réjouir qu’autre chose. Quant à moi, j’ai du mal avec ça, tout simplement. Je ne suis pas naïve non plus, mais c’est la façon de traiter le sujet qui m’a ennuyée.
Pourtant toutes les histoires ne sont pas si déplaisantes. Certaines sont même assez drôles. L’une, d’une nostalgie triste et légère a su éveiller mon intérêt. Une autre encore a su me plaire pour la réflexion sur la peur qui en est le fil conducteur. Mais je me suis surtout beaucoup ennuyée et très franchement cet ouvrage aurait pu continuer plus longtemps à manquer à ma culture sans que cela ne me pose de problème majeur…

mercredi 9 novembre 2011

La Vestale du Calix

Un roman d'Anne Larue, publié chez l'Atalante dans la collection la Dentelle du Cygne.

Anna, une vestale consciencieuse mais émotive, est condamnée à mort pour avoir brisé un vase sacré – le fameux calix Esclarmonde. Son savant fou de maître la fait «décorporer» à son insu. L’expérience réussit et elle surgit indemne à une autre époque, où il perd sa trace.

En l’an 4666, Anna, devenue «costumière tradi» chez Thomasine Couture, habite avec Ankh Delafontaine, belle blonde médiéviste, et elle monte à cheval à Étampes. Le bonheur. Elle en viendrait à se convaincre qu’elle n’a pas rejoint le monde au-delà de la mort, quand tout se complique à nouveau.

Anna et Ankh sont arrêtées pour ne pas avoir assisté à un match de trimslop, puis une cavalière est assassinée. L’enquête conclut à la mort d’Anna.

Entre alors en scène Holinshed, un cheval extrêmement stylé qui effectue des missions en freelance pour les humains à travers le temps…

Pour tous ceux qui aiment Paris, la fin du monde, les chevaux, le camping, Simone de Beauvoir… et un peu moins le football.
Les femmes ne sont pas toujours d'excellents cobayes, les chevaux sont des êtres supérieurs et les blondes se rebellent... Tout un programme, n'est-ce pas ?

J'ai bien du mal à savoir par quel bout prendre cet étonnant roman et plus encore à savoir quoi vous en dire. Si ce n'est qu'il possède plusieurs niveaux de lecture, qu'on peut aisément s'en tenir à un seul, mais que ce serait bien dommage car c'est l'ensemble qui fait tout l'intérêt de cette histoire. Car la Vestale du Calix est certes un roman très distrayant, bourré d'un humour qui va du plus lourdingue au plus pointu et truffé de références en tous genres, mais également une intéressante satire sociale qui porte entre ses lignes un message féministe qui, s'il ne prend pas trop de place par rapport à l’ensemble de l'histoire, est quand même très présent. Il faut le savoir, ça ne marche pas avec tout le monde et en général je fais partie des gens avec qui ça ne fonctionne pas. Je n'ai rien contre le féminisme et encore moins contre les romans engagés, mais je n'aime pas avoir l'impression qu'on me fait la leçon. Ce livre-ci n'a jamais dépassé mes limites, mais l'a failli quelques fois.
Je crois que c'est le genre de récit qu'on aime ou qu'on déteste d'emblée. Et moi j'ai plutôt apprécié... Si ce n'est que j'ai trouvé l'usage du symbolisme un peu trop facile parfois, mais c'est aussi ce qui fait que ce livre reste aussi accessible quand l'auteur s'amuse à nous balader. Et il faut dire qu'elle ne se gêne pas pour ça...
La Vestale du Calix est une histoire simple dans un complexe écrin, c'est très bien écrit, mais c'est vraiment particulier. Il y a, entre autres choses, ce permanent foisonnement de détails et d'anecdotes qui peut parfois sembler être du babillage, mais qui au final fait tout le sel de ce récit. Et cela accentue considérablement cette manière qu'a l'auteur d'essayer de nous perdre entre les dédales de son histoire et de nous faire croire qu'on ne sait pas où elle veut nous emmener.
J'ai beaucoup aimé cette façon de raconter, ainsi que l'ironie tout à fait délicieuse de voir notre société décortiquée et sujette à toutes sortes d'interprétations plus ou moins oiseuses en 4660 où elle fait figure de Moyen Âge.
Ce que nous sommes, mais de manière plus générale ce que l'humanité a été, est et sera, se trouve analysé, bousculé, parfois tourné en ridicule dans ce roman, mais nous invite toujours à la réflexion.
Le monde change, les connaissances scientifiques évoluent, mais les préoccupations des personnages d'Anne Larue semblent toujours les mêmes de siècle en siècle.
Que restera-t-il de nous dans deux mille ans ? Comment verra-t-on alors cette société qui est la nôtre ? Nous-mêmes nous trompons-nous sur notre interprétation du passé ? Apprenons-nous des erreurs de nos prédécesseurs ou les humains sont-ils voués à toujours se fourvoyer dans leurs propres pulsions malgré l'évolution cyclique de leur monde ?
Ce ne sont que quelques questions parmi d'autres, des pistes à explorer ou non en suivant les déboires d'Anna et Ankh.
La Vestale du Calix est un roman intelligent et drôle, original et déjanté qui parfois verse joyeusement dans l’absurde. C'est certes un peu surfait aussi, mais cet inclassable mélange de SF, de mythologie, de littérature et de philosophie gagne à être découvert.

mardi 8 novembre 2011

Non à l'augmentation de la TVA sur les livres !

Vu ce matin sur le blog de Charlotte Bousquet (merci à elle) :

Pétition lancée par la Librairie Coquillette, à relayer et signer...

Le gouvernement français vient de passer la TVA du livre de 5,5 % à 7... au même titre que celui des vendeurs de pizzas ou de hamburgers.

MAIS, NON ! LE LIVRE N'EST PAS UN HAMBURGER !!!!!!!!!!!!!!

Le livre n’est pas un objet comme les autres. C’est l’objet le plus intime qui soit, celui qui nous accompagne partout, tout le temps, sous tous les climats, durant notre vie, jusqu’aux endroits les plus interdits. Un objet si proche de nous, si lié à nous, que les pulsions ou répulsions (ce qui représente sensiblement la même chose) que nous tissons avec lui nous sont si passionnels, si entiers et si puissants, qu’elles en parviennent à nous surpasser.

Depuis notre enfance, le livre nous ouvre les portes d’un imaginaire qui nous tire par le haut d’un réel bien bas qu’il nous est plus en plus difficile à supporter. C’est lui qui nous prépare à nos premiers émois amoureux et qui nous exerce aux expériences les plus heureuses et les plus tragiques qui jalonneront bientôt nos existences.

Les livres, c’est la gomme abstractive de toutes les inégalités. C’est l’identique voyage offert aux riches ou aux pauvres, invalides ou non, jeunes ou âgés, depuis un fauteuil roulant ou de salon, un lit conjugal encore tiède ou d’hôpital glacé, depuis le banc d’un square ou d’un refuge, ou d’une cellule.

Les livres, c’est de l’émotion en mots, du rêve en pages, de la vie en chapitres. Les livres, c’est une seconde vie qui vous tient à la peau et à l’âme, telle une seconde peau, qui vous est si douce que vous vous sentez épris d’une irrépressible envie de la faire partager à celles et ceux que vous aimez ou qui vous sont proches. Un livre, c’est du lien social noble, de l’humanité pure ; c’est de l’amitié et de l’amour.

.Recommander un livre, c’est comme partager un plat. C’est une odeur, un toucher et d’imperceptibles impressions profondes qui nous font grandir ensemble vers une même voie d’humanité. C’est de l’intimité pure, de la considération absolue et du respect aux autres. Un livre, c’est des sons et des images qui surgissent de toute part pour nous mettre en émois.

A l’instar d’un boucher, d’un charcutier ou d’un boulanger, le libraire est un petit artisan qui connaît bien toutes ces sensations. Il sait combien son métier est de connaître les produits qu’il conseille, après les avoir préalablement sélectionnés, goûtés et testés. Il sait aussi combien ce qu’il propose se doit de contribuer au bonheur et à l’éveil des sens individuels, et in fine, à la société toute entière. Dans électeur, après tout, n’y a-t-il point « lecteur » ?

Mais le libraire sait aussi combien, plus important encore que le livre, est l’échange amical avec un lecteur, un bon repas partagé entre amis ou le sublime d’une nuit d’amour. Car, après tout, les livres ne sont que des tremplins, des portes grandes ouvertes sur le monde, sur l’humanité et sur la vie.

Voici pourquoi, amateurs de livres et de littérature, il nous faudra toujours combattre et demeurer vigilants pour que subsistent toujours, et toujours plus, en nous et dans chaque foyer, ces ouvertures sur nos imaginaire et sur l’Autre…

A CE TITRE, LE LIVRE DOIT ETRE CONSIDERE COMME UN OBJET DE PREMIERE NECESSITE... NECESSITE VITALE, HUMAINE ET DEMOCRATIQUE !!!

VOTONS NON !!!!

Les signataires


dimanche 6 novembre 2011

Imago, Les Gentlemen de l'étrange T2

Un roman d'Estelle Valls de Gomis, publié chez Sombres Rets.
Le premier volume avait été publié aux éditions du Calepin Jaune en 2007 et est maintenant disponible uniquement au format poche aux éditions Black Book.

Quatrième de couverture :

Wolfgang Bloodpint et Manfred Gladstone sont les Gentlemen de l’Etrange. Respectivement érudit aux pouvoirs mystérieux et docteur en psychiatrie, ils entraînent leurs comparses, la jeune gouvernante Mademoiselle Wilhelmine, Gustock Mespin de Scotland Yard, Ernest le souriceau parlant et la chienne labrador Dita, dans une aventure mouvementée en Roumanie – terre de légendes fantastiques s’il en fut – chez le vampire Arpad Nocturnaeru.
Wolfgang entreprend aussi un voyage introspectif durant lequel il va tenter de découvrir ce qu’il est vraiment. Il semble, en effet, qu’en cette fin d’époque victorienne, Londres soit devenu trop étroit pour Manfred, Wolfgang et Mademoiselle Wilhelmine.

Second tome des aventures des Gentlemen de l’Etrange, Imago relate une facette inconnue de la vie de ces surprenants, et non moins attachants, personnages.

Ce roman peut être lu indépendamment du premier tome grâce à un résumé en début d'ouvrage.
Miroir, miroir, montre-moi l'étendue des possibles au-delà du temps et de l'espace !
Et le miroir se fendit, laissant glisser les éclats de lumière qui se reflétaient en son sein, pour qu'ils tournent comme des pages...
Alors le miroir me montra une étrange, et néanmoins connue, troupe de voyageurs sur les routes de l'Europe de l'Est.
Curieuse je suis et plus encore attachée à ceux qu'il me montrait, aussi je ne pus que m'engager à leur suite, dans les profondeurs du miroir...

Ce roman-ci est indubitablement le roman de Wolfgang, qui est, je dois l'admettre, mon personnage préféré parmi le petit groupe de Belgravia... C'est le roman de l'introspection, des dernières illusions qui s'effilochent avant l'acquisition, ou non, de la sagesse et de la sérénité. C'est le roman des choix et de la quête de soi. C'est le roman du changement dans lequel se mêlent ce qui a été et ce qui sera, sans pour autant que ce mélange soit assez homogène pour que l'on puisse y distinguer ce qui de ces deux temps devrait normalement former le présent. Et cela nous ramène à Wolfie car il est vraiment à son image... Notre Wolfie si troublé qui se sent différent, qui fera peut-être le choix de changer plus encore ou celui de redevenir l'homme qu'il ne voulait pas cesser d'être...
Lointain et proche, immuable et pourtant en pleine mutation, Wolfgang est malgré tout, et très paradoxalement, il faut le dire, égal à lui-même tout au long de cette histoire et j'ai eu grand plaisir à le retrouver, à compatir à ses déboires, à le soutenir dans sa recherche et aussi, d'une certaine façon, à grandir avec lui. Car Wolfie et moi nous ressemblons un peu, il est vrai. Mais au-delà de cette communion de pensée, il y a surtout l'affection que je lui porte, à lui comme à Vesper d'ailleurs, qui a rendu cette lecture encore plus émouvante...
C'est bien le mot, ce fut vraiment très émouvant, de bien des façons, ce fut également étrange entre ce jeu de miroirs, cette écriture qui ressemble à celle que je connais de son auteur, pleine d'espièglerie, d'allusions, tissant une atmosphère si particulière, pour s'en éloigner, se faire triste et sérieuse, distante, tant que sans l'histoire elle-même je n'aurais pu la reconnaître, et y revenir finalement. Étrange et fascinant, inquiétant aussi parfois.
Mais puisque l'espièglerie reparaît, que passé et futur acceptent de se mêler de nouveau dans l'instant présent, qu'il y aura toujours des sorcières prenant le thé, un livre dans les pattes d'Ernest et tant de mystères à débrouiller, puis surtout que Wolfie, quoi qu'il décide, sera toujours Wolfie, c'est sans nul doute que tout est pour le mieux et que je peux, rassurée, rentrer chez moi, au-delà du miroir, en important avec moi les souvenirs du voyage.

Et quand je suis revenue dans la bibliothèque, le miroir reposant sagement à sa place, il y avait encore, se mêlant dans l'air, ces effluves de neige et de roses séchées, ce parfum tiède de printemps que je ne connais qu'aux terres du sud et celui, plus doux et plus profond de l'encre.
Mais peut-être était-ce mon imagination, l'odeur trompeuse de l'automne et des livres, de quelques roses oubliées dans une coupelle... Ou peut-être pas.

mardi 25 octobre 2011

Top Ten Tuesday (13)

Le Top Ten Tuesday est un rendez-vous hebdomadaire organisé par The Broke and the Bookish. Je vous invite à cliquer sur l’image pour voir le billet de la semaine et les liens vers ceux de tous les blogs qui y participent.

***

Je ne pouvais pas manquer celui de cette semaine, il porte sur les livres à lire durant Halloween.

1. La foire des ténèbres (Something wicked this way comes) de Ray Bradbury.
Parce que ça se passe durant Halloween et que tout nous y ramène, parce que c'est glauque, que c'est de l'excellent fantastique et que les soirées pluvieuses d'automne sont le parfait moment pour le lire.
Et je triche, comme toujours, parce que je vais rajouter un autre roman de Bradbury qu'on ne peut pas manquer à cette période : l'arbre d'Halloween (the halloween tree.) Il est tellement dans le thème qu'il est hors compétition et il vous apprendra plein de trucs, si évidemment vous ne le connaissez pas déjà...

2. Les contes de crimes et les Comptines assassines de Pierre Dubois.
Je triche encore pour vous en présenter deux qui sont dans la même veine, même si j'ai une préférence très marquée pour le second. Ce sont des contes de fées revisités, du merveilleux noir décliné sous plusieurs formes dans des nouvelles très différentes les unes des autres et toujours merveilleusement écrites.

3. Shirley Jackson.
Et alors là je vous laisse le choix du bouquin. Bon d'un certain côté vous aurez aussi du mal à trouver un de ses écrits en français, ce qui est bien dommage...
Bragelonne si tu repasses par-là... Non ? Shirley Jackson y a définitivement pas moyen ? Sniff...

4. Sur les ailes du cauchemar de Lisa Tuttle.
Recueil de nouvelles du genre fantastique. Et dans la foulée je ne saurais trop vous conseiller également un recueil paru plus récemment : Ainsi naissent les fantômes.

5. Ça (It) de Stephen King.
Évidemment, il en fallait au moins un, alors autant que ce soit celui-ci... Brrrrrrr.

6. Coraline de Neil Gaiman.
Pas d'Halloween sans Gaiman et surtout sans Coraline.
Je vous aurais bien proposé aussi L'étrange vie de Nobody Owens (the Graveyard book) mais curieusement je l'associe plus à la période de noël, probablement parce que je l'avais lu en hiver.
Quoi qu'il en soit, Coraline est un parfait conte d'Halloween et il me fallait bien un ouvrage jeunesse (quoique l'arbre d'halloween...)

7. Rebecca de Daphne du Maurier.
Ne serait-ce que pour l'ambiance...

8. La Ville-vampire de Paul Féval.
Pour l'ambiance également, mais pas la même que Rebecca bien entendu. C'est nettement plus décalé.

9. Les contes macabres illustrés par Benjamin Lacombe.
Parce qu'un bel album complète merveilleusement bien cette liste.

10. Les contes Myalgiques II : les atouts du diable de Nathalie Dau.
Encore un magnifique reuceil de nouvelles. C'est un livre de Samhain et pas d'Halloween, mais ça marche aussi.

Sur-ce, bonne lecture.

jeudi 20 octobre 2011

Lettre à Brage

Il faut qu’on parle…
Ne me regarde pas comme si tu ne savais pas ce que j’allais t’annoncer. Écoute Bragelonne, ça ne peut plus durer et nous le savons tous les deux. Enfin surtout moi parce que je pense que tu t’en fous, mais je vais faire comme si ça comptait pour toi et te le dire : c’est fini entre nous.
Oui, je sais, c’est difficile à croire, mais tu ne me laisses pas le choix, je dois te quitter avant d’en arriver à te haïr pour de bon.
J’aimerais bien te servir le fameux « ce n’est pas toi, c’est moi » qui t’aiderait à oublier encore plus vite (une seconde au lieu de deux, et encore) cet échec douloureux, mais non en fait c’est ta faute et je ne l’assumerai pas à ta place. Tu dois prendre conscience que ce sont tes diverses conneries et autres manques de respect vis-à-vis de la fidèle lectrice que j'ai été qui nous ont mené à cette inévitable rupture.
Évidemment cela fait quelques années déjà que nous avons commencé à nous éloigner l’un de l’autre, quand tu as laissé de côté Taylor et Dresden, entre autres… J’ai essayé de te comprendre, vraiment, et de m’en remettre, j'ai essayé de m'intéresser aux nouveaux ouvrages que tu me proposais, mais tu sais comme moi qu’il n’y avait pas que ça… Tu as changé et peut-être que moi aussi d’ailleurs.
Ne nous cachons pas la vérité, il y avait déjà des problèmes entre nous, certes, mais nous savons tous deux que c’est l’influence de ta morveuse de petite sœur qui a achevé de tout foutre en l’air. Et ne me dis pas qu’on ne choisit pas sa famille… Sérieusement, j’ai essayé de supporter Milady et de m’intéresser à ce qu’elle avait à raconter… On s’entendait plutôt bien au début et je supportais même ses écarts orthographiques sans broncher, écarts que tu as commencé à reproduire bien vite d’ailleurs, à mon grand désarroi… Mais elle a révélé assez vite sa vraie nature de peste…
Quand elle a tenté de m’abrutir avec des torrents de romance paranormale je me suis contentée de l’ignorer. Chacun ses goûts après tout… J'ai composé avec ta famille, mais quel effort as-tu fait toi-même pour nous sortir de l'impasse ? Tu as commencé à me considérer comme acquise, à ne plus chercher à me séduire... C'est vrai qu'après tout ce temps nous aurions pu nous en accommoder, dans une certaine mesure, mais...
Je dois cesser de me voiler la face, ta sœur a de plus en plus d’influence sur toi, nous ne pouvons plus nous entendre. Ces petits accrochages qui rythmaient notre quotidien sont devenus des désaccords fondamentaux.
Et là c’est la goutte d’eau… Je ne te laisserai pas me refaire encore une fois le coup du GF, poche, GF. C’est terminé, je ne pourrai plus jamais retrouver cette confiance qui était une des bases de notre relation. Ça part d’une petite chose me dirais-tu et qui ne tient qu’à ma maniaquerie, autant qu’à ta mauvaise foi rétorquerais-je, mais je suis totalement et irrémédiablement dégoûtée. Pour tout te dire, je n’ai même plus envie de commencer une nouvelle série, pas même prisme noir que j’étais pourtant impatiente de lire… On ne peut pas revenir en arrière, je ne t'aime plus Bragelonne.
C’est pour ça que je te quitte aujourd’hui. J’en suis la première navrée, je ne voulais pas que ça se termine ainsi et je doute que nous puissions rester bons amis. Je te souhaite de trouver un public plus patient et plus fainéant que je le suis.

***

Je préfère prévenir, ma semaine de boulot a été éprouvante, j'ai un début de bronchite et j'ai dû abuser sérieusement de la théine pour survivre, alors faites pas chier, j'exprime mon mécontentement de la façon qui me convient.

jeudi 13 octobre 2011

Tag : votre moi livresque

Vu la première fois chez Azilys, mais c'est à la base une idée de The Chouille.
Je vous invite à aller voir leurs vidéos.

1- Quand avez-vous commencé à lire ? Le lancement s'est fait avec l'aide de quelqu'un ou tout seul, par curiosité ?
J'ai toujours eu des livres à portée de patte, même bébé, bien avant de savoir lire. J'avais même des bouquins de bain en plastique (oui vraiment...) Ma mère était une lectrice compulsive, elle le serait encore si elle n'était pas débordée... Ce n'était pas tant qu'elle voulait absolument me faire aimer la lecture et les livres, elle ne m'a jamais forcée à lire, mais c'était naturel pour elle qu'il y ait des bouquins partout autant que de me faire la lecture quand elle en avait le temps... Alors je suppose que ça influence. J'ai appris à lire tôt et n'ai jamais cessé depuis.

2- Quel genre de lecture vous préférez lire ? (bit-lit, SF, policier, thriller, fantasy ...)
Mon genre préféré est indubitablement le fantastique (je mords quand on le confond avec de la putain de fantasy, alors attention...) Ce que j'aime dans le fantastique c'est l'ambivalence des histoires, toujours troubles, un brin oniriques. On peut avoir de multiples explications pour un même récit. C'est un genre difficile et je suis un exécrable public, mais quand c'est réussi, il n'y a rien de mieux que le fantastique.
Comme évidemment le très bon fantastique n'inonde pas les librairies, je me rabats en général sur d'autres genres de l'imaginaire. J'aime particulièrement les contes de fées et mythes revisités, le merveilleux noir et discordant, la low fantasy (je suppose que c'est parce qu'elle se rapproche du fantastique étant donné qu'elle a un pied dans notre réalité, quelle que soit l'époque à laquelle se passe le récit) Je ne suis pas une grande fan de fantasy et de SF, ce qui ne m'empêche pas d'en lire à l'occasion, mais je suis très sélective et j'évite les séries au long cours.
Je lis également des romans historiques et des polars (poussiéreux ou historiques de préférence.)
J'aime aussi beaucoup les essais sur les mythes, les contes, la littérature...
Mais étant de nature curieuse j'ai tendance à lire de tout du moment qu'un petit quelque chose éveille mon intérêt.

3- Êtes-vous du genre à enchaîner tous les tomes d'une saga qui vous plaît ? ou préférez-vous faire durer le plaisir et étaler votre lecture ?
Je ne me suis jamais vraiment posé la question. Je crois que c'est au feeling.
Je pense qu'en général je n'enchaîne pas, à moins d'être vraiment dans le délire ou de me taper une relecture rapide de la série (extrêmement rare car je relis peu et en général je lis d'autres trucs en même temps...)
Évidemment s'il s'agit d'un diptyque dont les volumes ne sont pas indépendants, comme par exemple Le Bal des Louves de Mireille Calmel, je lis les deux dans la foulée.
Pour les séries plus longues, il a pu m'arriver de lire deux tomes à la suite par goût ou parce que je n'avais rien d'autre sous la main, mais je n'ai pas le souvenir de plus. Quand je lisais les Blue Cerises par contre, comme chaque saison est composée de quatre livrets d'une soixantaine de pages, chacun écrit par un auteur différent et centré sur un personnage spécifique avec des histoires qui se recoupent, j'enchainais les quatre.
Mais bon, comme je lis souvent plusieurs livres en même temps je reste rarement dans un même univers trop longtemps...

4- Dans quelle situation vous préférez lire ? (musique/silence, dans votre lit/canapé/fauteuil préféré ?) Est-ce que vous arrivez à lire partout ?
Mes capacités de concentration dépendent de mon degré d'épuisement. Plus je suis fatiguée, moins je supporte le bruit, mais si je suis en forme je peux lire partout (si on excepte la voiture.)
Je lis mieux dans un endroit lumineux, mais pas ensoleillé, sur mon lit de préférence ou assise par terre.

5- Avez-vous l'habitude de lire plusieurs livres en même temps ? ou uniquement un à la fois ?
Oui, mais là aussi c'est selon mon degré de fatigue. Il est néanmoins rare que je m'en tienne à un seul livre, en général j'ai au minimum le poche du jour et le GF du soir, au pire si je suis vraiment à l'ouest le GF en question est une anthologie ou un recueil qui me permet de ne lire qu'une nouvelle par soir et de ne pas être trop larguée.
Si j'ai vraiment beaucoup de mal à me concentrer ou que mes troubles visuels et mes migraines m'empêchent de lire, évidemment j'évite les lectures multiples jusqu'à ce que ça aille mieux.
Et puis si je lis un bouquin qui m'ennuie vraiment et que je tiens quand même à finir pour une quelconque raison, il est possible que je commence quelque chose d'autre pour ne pas être à bout ou à l'inverse que je laisse tomber les autres lectures en cours parce que je sais que sinon je ne le finirais jamais...

6- Prévoyiez-vous vos lectures à l'avance ? ou faites-vous votre choix au feeling du moment ?
J'essaie de faire des listes de priorités, parce que c'est parfois nécessaire, mais au final c'est toujours l'envie du moment qui prime.

7- Êtes-vous du genre à lire jusqu'au bout de la nuit quand un livre vous plaît, quitte à faire nuit blanche ?
Si je suis crevée, il n'y a pas moyen, je ne vois pas l'intérêt de me forcer, même si le livre est bien mon cerveau n'imprimera pas. Mais si je lis et que le sommeil ne vient pas, je continue tranquillement, dans les limites du raisonnable si je travaille le lendemain ou jusqu'à ce que le sommeil se décide si je sais que je pourrais me rattraper dans la matinée. J'ai besoin de six heures pour que mon cerveau accepte d'assurer un service minimum, mais il ne faut pas me demander d'être de bonne humeur si je n'ai pas plus de sept heures...

8- Êtes-vous plutôt dépensière compulsive ou économe endurcie ?
Dépensière compulsive, mais comme c'est uniquement pour les livres je m'en accommode.

9- Êtes-vous inscrit sur les sites communautaires livresques ? (type Livraddict, Babelio etc)
Babelio et livraddict justement... Mais je n'y vais quasiment jamais.

10- question bonus : Montrez-nous votre/vos bibliothèques et/ou votre PAL.
Euh, là tout de suite... Non.
Parce que j'ai dû installer de nouvelles étagères avant de finir ensevelie sous les piles de livres et que cela étant fait j'ai rangé lesdites piles en vrac dans lesdites étagères, donc en extirper les non-lus qui sont allègrement mélangés aux déjà lus ou ne serait-ce que faire un peu de rangement dans tout ce bordel pour qu'il soit présentable est pour le moment une épreuve insurmontable vu mon degré de fatigue.

dimanche 9 octobre 2011

Absinthes et Démons

Un ouvrage d'Ambre Dubois, publié aux éditions du Riez.

Je l'ai classé en fantastique, même si pour moi dès que le surnaturel est avéré ça n'en est plus. Mais après tout le classement n'a guère d'importance, occupons-nous plutôt du bouquin...

Son éditeur nous le présente ainsi :

Qui est réellement Lord Nermeryl ? Le diable, comme le laisse sous-entendre la rumeur ? Ou un jeune dandy un peu trop excentrique dont le passe-temps morbide est d’enquêter sur des affaires surnaturelles ?

Au fil des énigmes, en compagnie de sa fidèle compagne, la Corneille, le jeune homme goûte la saveur des âmes des êtres humains, découvrant les travers de l’humanité et y apportant sa propre justice… d’une manière bien singulière…

Et voici ce que moi-même j'en dis :
Ni tout à fait recueil, ni tout à fait roman, ce court ouvrage est constitué de nouvelles qui, bien qu’ayant toutes une intrigue spécifique, portent sur les deux mêmes mystérieux personnages : Lord Nermeryl principalement et sa compagne Corneille au second plan. Ainsi, nous pouvons suivre leur évolution comme dans un roman, tout en ayant le plaisir de lire plusieurs histoires et en profitant de la trame narrative plus enlevée propre à la nouvelle.
Les codes du format court se mêlent à ceux du roman et c’est, je dois dire, une assez bonne réussite puisque ça donne à la fois une impression de diversité et de cohérence. J’aime beaucoup ce procédé qui fait de chaque chapitre une histoire à part entière, même si je trouve qu’écrire une nouvelle, et a fortiori une série de nouvelles, surtout dans le genre fantastique, est un art difficile qui ici n’atteint pas la pleine mesure de son potentiel. Ça reste du bon travail, je ne vais pas chipoter, mais pour moi la nouvelle fantastique est principalement un récit à chute ou, au moins, ménage plusieurs pistes à son lecteur et ceci est évidemment atténué dans un ouvrage de ce type. Alors l’ambiance est trouble, certes, les personnages énigmatiques à souhait, la fin excellente, mais quelque chose m’a retenue sur la rive, sans que je sache vraiment définir quoi. Enfin, ça n’a pas été mon problème majeur non plus, c’est juste une question de goûts et de styles. J’admets qui plus est que les codes sont forcément plus souples pour une série de nouvelles, mais le fantastique est mon genre de prédilection, je suis donc difficile.
Ce qui m’a le plus ennuyée est la façon dont sont traitées et surtout résolues ces enquêtes. Si les histoires sont très diverses dans le fond, elles restent néanmoins très répétitives dans leur schéma narratif, ce qui atténue cet effet de variété. Elles sont souvent elliptiques également. Je n’ai rien contre les ellipses, surtout en fantastique, mais là on cache quand il faut raconter, on raconte quand il faut montrer, on montre quand il faut cacher… C’est assez dommage car ça donne parfois une impression de facilité, que ce soit au niveau de l’écriture ou dans la gestion de la trame (surtout dans la résolution des enquêtes qui laisse vraiment à désirer), alors que, si je relativise, ce sont de très bonnes histoires.
Le style est agréable, mais pas exempt de maladresses, ainsi que d’erreurs de toutes sortes. Il n’y en a certes pas tant que ça en comparaison d’autres ouvrages, mais elles sont assez grossières… (Des mots à la place d’autres, des tournures de phrases inexactes, des invraisemblances langagières, etc.) En outre, pour ce genre bien précis, j’attends toujours plus d’élégance et de raffinement, voire même de la préciosité, dans l’écriture, à la fois pour coller à l’époque et aux personnages. Or, tout en n’étant pas déplaisant, le style d’Ambre Dubois est parfois maladroit et manque de naturel dans l’usage du registre soutenu. On sent que l’utiliser lui demande un effort.
Il y a aussi des détails du récit qui m’ont laissée perplexe. A titre d’exemple, on ne jette pas un voile sur une peinture qui n’est pas encore sèche, on ne peut pas tourner vers soi le visage d’un corps qui doit depuis longtemps être pris par la rigidité cadavérique…
Détails me direz-vous, détails… Mais ça a quelque peu contrarié ma lecture.
Impressions en demi-teinte, semble-t-il donc, pour une lecture qui fut un agréable divertissement malgré tout et que j’ai su savourer en laissant de côté ses défauts, autant que je l’ai pu, mais qui, je le crains, ne marquera pas longtemps mon esprit.
J’ai trouvé les histoires prenantes, bien que prévisibles puisqu’elles reprennent des thèmes classiques de la littérature fantastique et même s’ils sont plutôt bien traités, ils n’en restent pas moins familiers pour moi qui suis coutumière du genre. Toutefois, même si j’ai apprécié ces histoires et eu du mal à m’en détacher en cours de lecture, quand il m’est arrivé de devoir le faire, j’ai eu à chaque fois des difficultés en reprenant le livre à me rappeler de quoi il était question dans la nouvelle que j’avais quittée la veille. Evidemment ça m’est vite revenu après quelques lignes de lecture, mais c’est pour moi assez perturbant qu’une histoire en cours laisse si peu d’empreintes sur mon esprit et c’est de surcroît très inhabituel.
Ces nouvelles sont surtout portées par le charisme de leur personnage principal qui est intéressant de par son attitude et sa nature, même si j’ai été un peu déçue que tout soit si simple, attendant un temps, court à dire vrai, un revirement de situation qui n’est pas arrivé. Il faut croire que je suis conditionnée par les nouvelles à chute. J’aurais aimé que le mystère perdure un peu plus longtemps concernant la nature de Nermeryl, même si j’ai apprécié qu’elle soit relativement nuancée. Quand il s’agit de fantastique, plus les récits et les personnages sont troubles, plus ça me convient. J’aime être surprise ou déroutée par ce genre de lecture, or je ne l'ai pas été par celle-ci.
Les personnages sont cependant la grande force de ces récits, mais les thèmes des histoires sont également bien choisis et l’auteur leur apporte la touche d’originalité nécessaire à l’usage de motifs aussi connus. En outre, comme je l’ai déjà dit, la fin est très bien écrite et sonne tout à fait juste, ce qui est d’autant plus appréciable pour ce type de récit.
J’ai été un peu dure avec cet ouvrage, mais je vous en conseille néanmoins la lecture, que vous soyez ou non amateur de fantastique.
Dans le même genre je vous conseille vivement Les Gentlemen de l’étrange d’Estelle Valls de Gomis. Les deux personnages sont d’ailleurs cités dans la première nouvelle d’Absinthes et Démons.

vendredi 30 septembre 2011

Les Gentlemen sont de retour !

Nous les attendions avec impatience, ils arrivent, ils seront là fin octobre, Wolfgang, Manfred, Mlle Wilhelmine, Ernest le souriceau, la belle Dita et quelques-unes de leurs vieilles connaissances reviennent dans de nouvelles aventures.

Je vois deux ou trois personnes dans le fond de la salle qui ne savent pas du tout de qui je parle. Z'avez pas honte ?! Rattrapez tout de suite cette erreur. Allez, hop, jetez un coup d'œil au premier volume.

Bon, revenons à nos affaires.

Voici d'abord la quatrième de couverture :
Wolfgang Bloodpint et Manfred Gladstone sont les Gentlemen de l’Etrange. Respectivement érudit aux pouvoirs mystérieux et docteur en psychiatrie, ils entraînent leurs comparses, la jeune gouvernante Mademoiselle Wilhelmine, Gustock Mespin de Scotland Yard, Ernest le souriceau parlant et la chienne labrador Dita, dans une aventure mouvementée en Roumanie – terre de légendes fantastiques s’il en fut – chez le vampire Arpad Nocturnaeru.
Wolfgang entreprend aussi un voyage introspectif durant lequel il va tenter de découvrir ce qu’il est vraiment. Il semble, en effet, qu’en cette fin d’époque victorienne, Londres soit devenu trop étroit pour Manfred, Wolfgang et Mademoiselle Wilhelmine.

Second tome des aventures des Gentlemen de l’Etrange, Imago relate une facette inconnue de la vie de ces surprenants, et non moins attachants, personnages.


Ce second volume, donc, paraîtra aux éditions Sombres Rets. Les pré-commandes sont d'ailleurs ouvertes :

mardi 27 septembre 2011

Top Ten Tuesday (12)

Le Top Ten Tuesday est un rendez-vous hebdomadaire organisé par The Broke and the Bookish. Je vous invite à cliquer sur l’image pour voir le billet de la semaine et les liens vers ceux de tous les blogs qui y participent.

***

Il s'agit cette semaine des livres que j'aimerais relire.
Sincèrement, il y en a beaucoup et comme je manque toujours de temps pour lire tout ce que je voudrais, il est rare que je m'offre le luxe d'une relecture. Ça m'arrive toutefois et le plus souvent je ne suis pas déçue, bien au contraire.
J'ai pris le parti de citer dans cette liste des livres généralement lus il y a très longtemps et qui mériteraient vraiment d'être dépoussiérés et redécouverts.

1. La chambre des dames de Jeanne Bourin.
En fait c’est Rose qui m’a donné envie de le relire. Je me suis aperçu que si je garde quelques souvenirs très précis de certaines scènes, l’histoire est quand même devenue très floue dans mon esprit. Bon d’un autre côté ma lecture date d’il y a bien une quinzaine d’années… Je serais curieuse de le relire avec un regard d'adulte.

2. L’île au trésor de Robert Louis Stevenson.
Celle-ci date de plus loin encore, plus de vingt ans ça commence à compter… Et comme je voudrais lire le pastiche de Pierre Pelot, ça serait bien de me remettre l’original en mémoire avant.

3. L'Odyssée.
J'ai toujours adoré ces textes. Je les ai lus, relus, re-relus, d'une très bonne adaptation pour enfants à diverses traductions en grandissant, puis quand je les ai étudiés à l'université. Il y a sans aucun doute une traduction que je n'ai pas encore lue et ma dernière lecture date un peu de toute façon, ce serait bien de me rafraichir la mémoire.

4. Les trois mousquetaires.
Et quelques autres œuvres de Dumas dont la lecture date de mon adolescence. Je me sens si vieille tout d'un coup...

5. Le tour du monde en 80 jours de Jules Verne.
J’en parlais l’autre jour, à cause de la partie de whist durant laquelle se décide le pari, si je me souviens bien. J’ai lu ce livre quand j’avais onze ans, autant dire au siècle dernier...
J'en garde un assez bon souvenir, même si ce n’est pas non plus une de mes meilleures lectures et j'aimerais assez voir ce que ça donnerait aujourd'hui.

6. Les états et empires de la lune et du soleil de Savinien Cyrano de Bergerac.
Parce que c'est complexe et que je suis sûre d'y voir des choses qui m'avaient échappé ou de pouvoir facilement relativiser ce que je crois savoir de ces ouvrages.

7. Le Portrait de Dorian Gray d'Oscar Wilde.
Surtout parce que je suis très curieuse de lire la version non-censurée et de la comparer avec celle que j'ai toujours connue.

8. Elfquest de Wendy et Richard Pini.
Oui, oui, vraiment, j'assume. Mais à dire vrai je crains le pire... Ce sont des comics et j'étais très jeune jeune (et ce n'est pas du tout pour les enfants d'ailleurs) quand j'ai lu ça... Je me demanderais probablement comment j'ai pu lire et apprécier un truc pareil... Encore une fois, je suis assez curieuse de voir comment l'adulte que je suis réagirait. Mais bon ce n'est pas demain la veille et puis faudrait que je trouve la V.O. tant qu'à faire...

9. La Bicyclette bleue de Régine Deforges.
Je l'avais emprunté à ma mère quand j'étais ado et je n'avais pas aimé.
Non, vouloir le relire n'est pas l'expression d'un masochisme particulièrement retors, mais encore une fois un élan de curiosité et de toute façon, comme pour Elfquest, il est probable que ça n'arrivera jamais.

10. Sorcières Ordinaires de Michèle Gazier.
Histoire de satisfaire mon envie de fantastique sans relire quelque chose que j'ai déjà lu mille fois...
C'est un recueil de nouvelles et j'ai une affection particulière pour certaines d'entre elles, mais je ne me rappelle pas des autres avec autant d'acuité que je le devrais sachant que la lecture n'est pas si lointaine. Une pierre, deux coups...

Les bouquins, c'est bien...

Ça fait un moment que je devais vous poster cette vidéo, mais vous savez, les livropathes et leur notion du temps... Bref.

http://www.youtube.com/watch?v=Q_uaI28LGJk

dimanche 25 septembre 2011

Rage de dents

Premier tome de la série Maeve Regan par Marika Gallman, publié aux éditions du Petit Caveau.

Résumé de quatrième de couverture :

Avant, ma vie était simple : l’université si j’en avais envie, les hommes quand j’en avais envie. Et je n’avais aucun problême qu’un barman ne puisse m’aider à résoudre. Ça, c’était avant qu’on essaie de me kidnapper.
Aujourd’hui, tout semble être fait pour me foutre en rogne.
Petit 1 : j’apprends que ma famille n’est pas ce qu’elle semble être.
Petit 2 : l’homme qui m’a élevée me ment sans vergogne.
Petit 3 : des types douteux me poursuivent.
Et petit 4 : il semblerait que je ne sois pas tout à fait humaine…
Ah, j’oubliais ! Mon seul allié dans ce merdier est un vampire charismatique dont le passe-temps favori est de me martyriser en me rappelant à quel point je ne suis pas si différente de lui.
Quand je vous dis qu’il y a de quoi s’énerver… 
Dans ce récit moderne bourré d'action, Marika Gallman nous fait découvrir son héroïne décapante : Maeve Regan. Un roman qui vous surprendra par ses retournements de situation et son humour mordant !

C’est un premier roman, donc je vais essayer de ne pas être trop méchante, cependant histoire de donner tout de suite le ton de cet avis : faut le dire, je me suis ennuyée comme un rat mort et j’exagère à peine. J’ai mis un temps fou à lire ce bouquin parce que j’avais l’impression d’être en apnée à chaque plongée dans cet univers. Je déteste quand la lecture devient une corvée… Je ne suis pas très bon public, je l’avoue, mais il en faut beaucoup pour réellement m’ennuyer.
Je n’ai pas aimé mais ne peux pas dire pour autant que l’intrigue est mauvaise en soi ; j’ai vu nettement pire en fantasy urbaine (et aussi nettement mieux. Que voulez-vous, je suis du genre à rester bloquée sur ce « mieux » tant espéré…) Les goûts, les couleurs, etc. Vous connaissez la chanson et moi je chante faux, donc nous allons passer à autre chose…
En fait, si vous avez lu le résumé de quatrième de couverture, vous connaissez déjà la moitié de l’histoire et vous pouvez facilement deviner la seconde. Le récit manque d’originalité, c’est un fait, (je vais éviter de spoiler, cependant je vous garantis qu'on vous a déjà fait le coup), néanmoins ce n’est pas quelque chose qui me gêne particulièrement en général, même si ça peut être agaçant par moment. Je pars du principe que rien n’est original de toute manière, c’est la façon dont on traite le sujet qui fait la différence. Pour moi, le problème majeur avec cette lecture est que je n’ai pas réussi à trouver le moindre intérêt à cette histoire et contre ça on ne peut pas lutter, même si j’ai essayé. Je n’ai fait qu’attendre qu’arrivent des événements que j’ai bien entendu vus venir longtemps avant l’héroïne.
Pour ne rien rattraper, le style est vraiment moyen et plein de maladresses. Il y a de nombreux cafouillages, le récit est mal structuré entre les moments d’action et de latence et il s’en dégage une impression de déséquilibre.
De mon point de vue, bien qu’il n’y ait pas de formule miracle, un texte réussi allie la fluidité de l’écriture au souffle du récit. L’un ne va pas sans l’autre et dans Rage de dents la respiration est laborieuse. L’action est brouillonne (mais paradoxalement assez bien décrite par rapport à d’autres ouvrages du genre, ça je le reconnais, même si les scènes de combats m’ont parfois laissée dubitative) et les révélations n’en finissent pas d’être révélées. Il y a énormément de répétions, j’ai parfois eu l’impression de voir les pensées de Maeve tourner en boucle.
Pour permettre à la part névrosée de ma personne d’apaiser ses nerfs je vais vous donner quelques exemples de tout ce qui a contrarié la lectrice tatillonne que je suis.
Commençons par les répétions. Elles se manifestent dans l’histoire elle-même, mais aussi en écho dans le style : page 112 un rictus déforma ses traits, onze lignes plus bas, un drôle de rictus déforma ses traits. Décidément, le gars aime grimacer… Ce n’est qu’un exemple mais il y en a plein d’autres du même genre, notamment Brianne et son air complice, Lukas et son air mauvais, les yeux couleur glacier de grand-papa…
Il y a également de nombreuses fautes de négation qui font dire aux phrases le contraire de ce qu’elles signifient, c’est extrêmement agaçant de mon point de vue.
Et entre autres erreurs relevées souvent : « après que » n’est jamais suivi du subjonctif, il ne doit pas y avoir de virgule avant le « et » dans une énumération, faut pas confondre les termes imberbe et glabre et l’expression correcte est « tu ne perds rien pour attendre, » même si ça ne coûte pas plus cher non plus... Ah et puis, rapport à la quatrième de couverture, il y a un e à suspense.
Je me sens mieux, je peux reprendre le fil de mon blabla.
Vous me direz que ce ne sont que des détails sans importance et je serais d’accord si ça ne revenait qu’une ou deux fois, mais au-delà de cette limite, on ne peut que déplorer que le texte n’ait pas eu droit à un bon lissage. C’est ce genre de petites choses qui fait la différence entre un médiocre gratte-papier (ici médiocre est à comprendre dans le sens de moyen) et un écrivain.
Ajoutons à ces quelques défauts des dialogues époustouflants qui consistent le plus souvent à faire affirmer quelque chose à un personnage et à faire nier l’autre jusqu’à ce qu’un des deux se lasse, qu’ils se battent ou que Maeve se barre… Ça n’apporte rien à l’affaire, c’est longuet, puérile et ennuyeux. Évidemment ça peut être crédible, vu le caractère de nos personnages, mais une fois, deux fois, trois fois, ça dépasse mes limites…
Pour finir, on en arrive aux personnages. En général c’est la dernière branche à laquelle je me raccroche, je peux oublier beaucoup de défauts si j’arrive à aimer les personnages.
Pas de chance, ceux-là manquent cruellement de profondeur et de cohérence.
C’est reparti pour un exemple : si une de vos amies d’enfance frappait à votre porte en pleine nuit couverte de bleus et de sang en vous suppliant de lui prêter votre voiture, lui claqueriez-vous la porte au nez en affichant un air dégoûté ? Même si vous êtes en froid avec elle et n’appréciez pas ses choix de vie, ne mettriez-vous pas votre petit orgueil de côté ?
J’ai choisi cet exemple parce que ce n’est pas vraiment un spoiler, mais il y en a beaucoup d’autres…
Vous me direz que c’est subjectif, que le caractère d’un personnage est ce qu’il est et blablabla. D’accord, mais imaginons qu’il vous arrive d’agir ainsi, est-ce qu’une semaine plus tard vous déjeuneriez tranquillement avec ladite amie comme si de rien n’était ?
Mouais, bref. Avec les personnages non plus ça n’a pas été le grand amour.
Pourtant, ça aurait pu marcher, Maeve ne m’a pas été plus antipathique que ses consœurs, je n’ai pas eu envie de la massacrer comme c’est souvent le cas avec les héroïnes de bit-lit, mais c’est peut-être parce que j’étais trop occupée à vouloir tuer ses petits camarades… Parce qu’ils sont extrêmement caricaturaux et superficiels (les gentils comme les méchants. Le super vilain de l’histoire étant lui-même d’un ridicule achevé), faut bien le dire, puis surtout qu’il n’y en a pas un pour rattraper l’autre…
Même si j’ai apprécié que, mis à part le méchant très méchant, ils ne soient pas complètement manichéens, ils n’ont généré chez moi aucun réel intérêt.
Maeve est encore le personnage le plus travaillé et réussi de l’histoire (vous me direz que c’est heureux puisqu’elle est à la fois le personnage principal et la narratrice.) Évidemment elle jure sans cesse et ça peut déplaire à certaines personnes… Ça fait partie du personnage, ce n’est pas quelque chose qui me gêne vraiment, même si elle aurait pu être un peu plus inventive tant qu’à faire, puisqu’elle tourne à trois jurons… Ça ne m’a pas choquée, donc, mais c’est malgré tout devenu agaçant à un moment de la voir terminer chaque phrase par « bordel de merde » comme si c’était un point d’exclamation. Bon ça s’est calmé par la suite ceci dit…
Ce qu’on peut lui reconnaître, c’est qu’elle est crédible au moins, même si son immaturité est agaçante, elle reste justifiée par son jeune âge. Elle n’est pas très futée non plus, plus impulsive que réfléchie, mais elle est combattive et loyale, ça compense un peu. Cependant, ce n’était pas suffisant pour moi.
J’ai abondamment critiqué cet ouvrage, mais il y a quand même du potentiel derrière toutes ces maladresses et un univers, des personnages tout autant qu’une écriture qui demandent encore un certain travail pour exprimer leur valeur. Je n’ai pas du tout aimé ceci dit, ça aussi c’est un fait et je ne pense pas qu’un style plus maîtrisé aurait pu tout changer à cela, mais on en revient encore à la chanson, les goûts, les couleurs... Etc.

Je tiens en outre à préciser que si j'énumère quelques fautes (qui ne sont qu'un échantillon) dans cet avis ce n'est pas par mesquinerie mais plutôt dans l'espoir de ne plus jamais les revoir (en particulier dans les livres publiés par le Petit Caveau). Oui, je sais, l'espoir fait vivre...

Ce livre a été lu pour le club de lecture de Vampires et Sorcières. Quitte à faire un billet autant le rajouter au défi lecture puisque je rame sur l'écriture de mes avis en ce moment...