vendredi 29 juin 2012

L'Aube de la guerrière

Un roman de Vanessa Terral, publié aux éditions du Chat Noir.


Présentation de l'éditeur :
« Marre de jouer les éboueuses ! De ramper dans les divers infra-mondes à traquer les monstres les plus tordus de la Création. Et maintenant, on nous envoie sans équipier, direct au casse-pipes ! Trop de boulot, qu’ils disent. Trop de manifestations. Il paraît que c’est à cause de la fin du monde. Quel monde, déjà, je ne sais pas trop… Mais quelle fin en plus ?! On a déjà eu droit à l’éclipse de 1999, au bug de l’an 2000, à l’ère du Verseau qui s’est glissé quelque part là-dedans et maintenant à décembre 2012 grâce à cette connerie de calendrier maya ! N’importe quoi…
Remarquez, je devrais quand même me méfier ; je suis bien placée pour savoir qu’en matière de légendes, il n’y a pas de fumée sans feu. La preuve : moi, ça fait trois semaines que je suis un ange guerrier.»
À peine décédée, Solange est envoyée à l’armurerie divine. Le Livre de saint Pierre a parlé : guerrière par prédisposition naturelle, mais ange sans grande valeur, elle ne sera d’aucune utilité dans la guerre qui oppose les siens aux démons. Autant l’utiliser près des Fosses, ces lieux dispersés dans les plans qui ont pour point commun d’abriter des Larves et autres créatures de cauchemar. Lesquelles ont une fâcheuse tendance à fuguer…
Un job qui n’a rien de bien intéressant – à part une meilleure connaissance des différents types d’effluves méphitiques – jusqu’à ce qu’elle découvre que les démons aussi envoient des guerriers dératiser les abords des Fosses. Dont Terrence et Aghilas… ce dernier possédant le même Don qu’elle, un pouvoir très rare visiblement : le Feu des Ténèbres.

A la base, les histoires d’anges sont loin d’être mon délire, peu importe le genre, je passe en général mon chemin et quand je ne le fais pas, je le regrette souvent… Ce qui ne fut pas le cas cette fois-ci. L’aube de la guerrière est une des rares histoires d’ange à ne pas m’avoir exaspérée ou ennuyée. Au contraire, j’ai beaucoup aimé ce roman.
Si certains poncifs de l’urban fantasy à la mode sont-là, le faux triangle amoureux (qui n’est jamais qu’une diversion, on sait toujours comment ça va finir…) ou encore l’héroïne un peu casse-pieds, l’auteur a su trouver de quoi rendre son récit prenant et original, en ajoutant un brin d’humour très agréable.
Solange, ange guerrier tout juste passé de l’autre côté, est un peu perdue et on apprivoise ce nouveau monde avec elle, sans que cela devienne pesant. L’univers et sa mythologie sont riches et bien construits. J’ai d’ailleurs beaucoup apprécié la vision de l’auteur, son explication de l’après-vie en rapport à nos croyances et le fait qu’elle nuance ses personnages. Ici, tout n’est jamais d’un bloc, avec des méchants d’un côté et des gentils de l’autre… C’est rafraîchissant et tellement plus humain.
L’auteur n’a rien laissé au hasard quant à la construction de son univers et je dois avouer que ses références me parlent particulièrement, je ne me suis donc pas sentie perdue. Le tout, intrigue comme background, m’a semblé très cohérent, bien qu’émaillé de quelques raccourcis qui se sont révélés plus frustrants que réellement gênants en cours de lecture.
Le style, quant à lui, est particulièrement vif et évocateur, il génère une grande empathie entre le lecteur et le récit. Les descriptions rendent le tout très vivant, sans délayer l’intrigue. J’ai notamment eu envie de me doucher à chaque rencontre avec des larves… J’avais l’impression d’y être.
Naïve, un peu lente à la détente aussi, Solange est loin d’être parfaite mais, toute grande gueule qu’elle est (et elle l’est ! Bien que ce soit un peu justifié par la transformation qu’elle subit…) elle reste très humaine et accessible. Son passé est tragique, mais ses faiblesses sonnent juste et au fond c’est un personnage sympa et attachant. De mon point de vue, elle ne souffre pas autant que ses consœurs des défauts qui sont monnaie courante dans l’urban à la mode…
Les personnages secondaires sont tout aussi intéressants, mais auraient mérité un peu plus de place dans l’histoire. Ceci dit, un roman à la première personne ne s’y prête pas non plus.
Au final j’ai trouvé ce roman très plaisant et efficace. J’espère bien qu’il y aura une suite, que Solange en soit ou non le personnage principal.

mardi 26 juin 2012

Quelques chroniques...

Comme je ne peux pas publier toutes mes chroniques sur ce blog, j'ai décidé de mettre de temps en temps les liens de celles que j'ai le plus envie de partager quand même avec vous.
Cette fois, on retourne en arrière de quelques mois pour :
- Idlewild de Nick Sagan. (Un vrai coup de cœur celui-ci, une lecture extrêmement prenante.)
- Edenborn, la suite de l'ouvrage cité ci-dessus.
- La Dame Sombre d'Ambre Dubois.

En attendant de nouvelles chroniques en direct de ce blog, bonne lecture !

dimanche 24 juin 2012

Wingman T1

Un manga de Masakazu Katsura, publié chez Tonkam.


Résumé de l'éditeur :
Kenta Hirono est un jeune collégien rêveur dont le souhait le plus cher est de devenir un vrai héros, un justicier qui combat les forces du mal !! Et son voeu va être exaucé quand il recueillera Aoi Yume, la princesse du Royaume de Podream. Cette dernière vient de fuir son monde pourchassée par l’infâme Rimel qui a renversé son père et veut désormais s’emparer du Dream Note, un cahier où tout se qui y est écrit ou dessiné devient réalité…


Tonkam a commencé fin avril à rééditer en volumes doubles cette série (la première version française n’avait pas été entièrement publiée.)
Vous vous souvenez sûrement du dessin animé, kitschissime, qui passait au club Dorothée dans les années 80… Avec son héros à la voix nasillarde et ses mimiques, sans parler de ses répliques, navrantes de stupidité, ses Wingnanas en petites tenues et ses histoires toutes plus rocambolesques les unes que les autres… Censément drôle, souvent absurde, jouant sur les clichés de tous bords, ce D. A. était vraiment space…
Certes, mes souvenirs ne sont plus de la première fraîcheur, mais je pense qu’il était assez fidèle au manga, en tous cas pour ce premier volume. C’est toujours aussi kitsch et décalé, sans doute même un peu plus trash, ce qui compense la vivacité en moins, et le héros est encore plus abruti, si tant est que cela soit possible.
J’ai été très déçue par les dessins qui, à la longue, se révèlent bien trop fouillis pour garder l’intérêt du lecteur. Les combats sont particulièrement ennuyeux tant ils ressemblent juste à une masse de traits de crayons… Il n’y a guère que l’histoire pour se rattraper, alors autant vous dire tout de suite que nous ne sommes pas sortis de l’auberge…
Dessin ou intrigue, ce manga ne casse pas trois pattes à un canard, mais c’est aussi un peu l’idée de base. Ça commence comme une parodie, avec ce collégien qui se prend pour un héros et qui veut surtout qu’on le regarde, qui préfère étudier ses poses, qu’il souhaite charismatiques, plutôt que s’entraîner à se battre… C’est toujours plus facile d’engueuler ses copains qui dorment en cours, affublé d’un costume bien voyant, que de se mettre vraiment en danger pour venir en aide aux autres… Kenta Hirono est un petit morveux qui a des idées bien arrêtées sur la grande valeur de sa petite personne et le culte qu’il voue à sa copine de classe, la gentille Miku…
D’une niaiserie qui n’est pas touchante plus d’une seconde (et encore), ainsi que d’une dévotion toute canine, cette pauvre Miku en prend plein la gueule… Toujours prête à trouver des excuses à ce brave Kenta quand elle le découvre dans des situations embarrassantes (ce qui arrive très régulièrement), elle pourrait paraître d’une stupidité sans limite s'il ne s’avérait pas au final que les apparences étaient effectivement trompeuses…
Avec des méchants plus bourrins les uns que les autres, il n’y a guère que cette peste d’Aoi, tout juste débarquée de sa dimension de rêves en papier, et la prof principale de Kenta (rendue pour le moins hystérique par le comportement du gamin, ce qui se comprend) pour amener un peu d’ambiance…
Mais au-delà de ça, Wingman c’est aussi un peu (et pas forcément de façon très subtile, faut l’avouer) une réflexion sur les rêves dans lesquels on se réfugie. Ça nous dit que nous pouvons soit être totalement passifs et rester des enfants, soit apprendre de nos rêves et évoluer, mais ça nous dit aussi qu’il y a un moment où il faut les lâcher et revenir dans la réalité, avec ou sans bagage…
En cela, ce manga garde un certain intérêt, mais au fond il est surtout réservé aux nostalgiques…

Sirellia

 Un roman d'Alissandre, publié chez Sortilèges éditions.

Présentation de l'éditeur :
Les feuilles virevoltaient dans les airs, légères comme des plumes. J'entendais au loin, cette douce mélopée qui résonnait dans mon corps et accompagnait le souffle du vent. Puis cette voix m'appelant : « J'ai besoin de toi Clément ».

Lorsque j'ai fait ce rêve, je n'imaginais pas combien les songes pouvaient être réels. Ni ce que cela impliquait pour mon avenir. Un soir d'automne, mes doigts ont frôlé une inscription magique qui s'est envolée dans un halo bleuté sous mes yeux incrédules, ce n'était que le commencement.
J'ai la chance d'avoir rencontré un peuple doté de capacités surnaturelles, vivant en secret au cœur de l'immense forêt millénaire. Mais ce privilège a un prix, suis-je prêt à risquer ma vie pour les protéger ?
Clément est un jeune homme qui semble être tout ce qu’il y a de plus ordinaire. Peu sociable, il préfère passer son temps à lire de la fantasy, ainsi qu’à rêver de quêtes grandioses et d’un fabuleux destin qui n’attendraient que lui… Cependant, il aperçoit un jour des symboles étranges sur un arbre et reçoit la visite d’un personnage des plus curieux qui lui pose beaucoup de questions, mais disparaît sans la moindre explication... A-t-il rêvé, entraîné par ses désirs de voir le merveilleux débarquer enfin dans sa vie ? Et qui est cette charmante jeune fille fraîchement arrivée dans son lycée et qui semble s’intéresser tout de suite à lui ?

Avant tout chose, j’aurais une petite remarque concernant la couverture.
Je la vois avec mon regard d’adulte, aussi je ne sais pas si mes remarques ont vraiment un quelconque intérêt. Par exemple, les couleurs, que j’ai trouvées superbes, sembleront peut-être ternes à un public plus jeune.
Le fait est que la représentation du personnage principal en premier plan me gêne beaucoup. Le trait un peu rude le fait paraître plus vieux et nettement plus antipathique qu’il ne l’est et je trouve cela bien dommage. Certes, ce n’est pas la couverture qui fait le roman, mais ça freine parfois sérieusement le lecteur potentiel…
Enfin, intéressons-nous plutôt au contenu, car c’est quand même ce qui importe le plus.

C’est un roman pour la jeunesse, et si je ne dis pas « young adult », c’est que je pense sincèrement qu’on ne peut pas l’apprécier au-delà d’un certain âge. Aussi, sans vouloir être réductrice, je le conseillerais quand même davantage à un public ayant dans les 10-14 ans et de préférence féminin, même si le personnage principal est un garçon.
La maturité est évidemment différente pour chacun, on ne grandit pas tous à la même allure, mais s’il y a des romans qu’on peut lire et apprécier à tous les âges de la vie, celui-ci n’en fait pas partie. Non qu’il soit mauvais, mais l’histoire est un peu naïve et manichéenne pour l’adulte que je suis. Ceci dit, je reste persuadée que c’est un roman qui enchantera le public auquel il est destiné.
Après, il faut admettre que quand on a la bonne trentaine et qu’on a été nourri à la fantasy depuis toujours, on aura vraiment l’impression de lire ce livre pour la centième fois. Le jeune héros solitaire qui se réfugie dans les livres, peu sûr de lui et qui rêve de magie, ainsi que d’une destinée qui irait bien au-delà de sa petite vie tranquille de lycéen, on connaît. L’enchaînement des situations, la facilité avec laquelle les personnages acceptent leur nouvelle vie ou encore les « incroyables hasards » et rebondissements tellement prévisibles qui jalonnent l’histoire sont un peu simplistes et laissent dubitatif. Ça commence plutôt bien, avec des dialogues qui tiennent la route, mais ils finissent par s’infantiliser peu à peu. L’histoire d’amour aussi est bien mignonne, mais relativement puérile… Le rythme est très lent et l’intrigue générale, ainsi que l’univers décrit, ne sont pas assez originaux pour que le lecteur chevronné dépasse ces défauts.
J’aurais aussi quelques reproches à faire au style en lui-même, pas que ce soit vraiment mal écrit, mais c’est un peu hésitant au niveau du vocabulaire et il y a de nombreuses erreurs de conjugaison, surtout en ce qui concerne le passé simple. C’est de l’ordre du détail au fond, car c’est aussi bien écrit que bon nombre d’ouvrages pour la jeunesse que j’ai lus récemment, mais je crois que, quand on écrit pour cette tranche d’âge, on doit d’autant plus être attentif à ce genre de choses.
Je n’ai pas non plus apprécié le fait que, si l’univers « réel » dans lequel évolue Clément est rigoureusement identique au nôtre, les noms de lieux soient inventés et sonnent terriblement « fantasy ». Je pars du principe que quand on prend le parti de situer tout un pan de son histoire dans la réalité, on doit le faire pleinement ou alors ne donner aucune précision géographique. Mais cela ne contrariera sans doute que moi…
Je reste très mitigée au final car, si je pense que ce n’est pas au mauvais livre, je trouve quand même qu’il manque beaucoup de maturité dans le fond comme dans la forme et, si suite il y a, espérons que l’auteur saura se détacher de l’influence de ses lectures de jeunesse et prendra un peu plus d’assurance dans l'exploration de son univers.

dimanche 3 juin 2012

Meurtre à Shakespeare

Lily Bard T1, de Charlaine Harris, publié chez J'ai Lu.

Résumé :
Je m'appelle Lily Bard et je mène une petite vie tranquille à Shakespeare, Arkansas, où je me suis installée pour oublier mon passé. Aujourd'hui, tout a changé. En rentrant, j'ai fait une macabre découverte : le cadavre de mon propriétaire. Après avoir paniqué et mis mes empreintes partout, je me suis éclipsée... Je n'ai plus le choix, il faut que je retrouve l'assassin avant que l'on ne vienne sortir les squelettes de mon placard...


Avant toute chose, parlons un peu de la couverture qui, de mon point de vue, n’est pas du tout adaptée au contenu de ce roman… Le crâne, la référence à Hamlet, il y a quelque chose de pourri dans la ville de Shakespeare, oui, bon, admettons que ça a un minimum de sens… Mais pour la subtilité, on repassera… Sans compter que, figurativement, on est vraiment à côté de la plaque, mais bref, passons…
Le fait est que je n’aurais jamais posé les yeux sur ce livre si l’avis de Lilie ne m’avait pas donné envie de le lire et s’il n’avait été de surcroît le livre du club de lecture de V&S pour le mois de mai.
Enfin, ne nous égarons pas… Comme le titre le laisse entendre, il s’agit d’un polar, mais il est en fait plus proche du roman de mœurs que du roman noir. Pour autant, l’enquête n’est pas inexistante, même si elle se déroule d’une manière un peu inhabituelle. L’intrigue tient la route, de petits indices, discrets, mais bien présents permettent au lecteur d’en arriver à ses propres conclusions sans qu’on lui mâche le travail. En soi, c’est bien pensé et plaisant à lire, mais je crois que les vrais fans de polars ne s’y retrouveront malheureusement pas. Et si vous découvrez l’identité du coupable trop tôt, vous risquez de vous ennuyer sérieusement, surtout sur la fin…
Si l’histoire me rappelle les romans de mœurs, c’est parce qu’elle s’attache surtout à décrire la vie dans une petite ville, apparences trompeuses, petites mesquineries quotidiennes et comportements humains, à travers le regard d’une personne qui voit tout ce que ses voisins peuvent cacher dans l’intimité de leurs foyers. Lily est femme de ménage, elle sait tout des manies de ses employeurs, de leur façon de vivre, des petits détails qui échappent même à leurs plus proches amis. Et Lily est observatrice, elle retient tout, même si elle ne souffle jamais mot à quiconque de ce qu’elle apprend ainsi. C’est ce pourquoi ses clients l’apprécient à sa juste valeur. Une femme de confiance, ça n’a pas de prix…
Elle analyse tout, mais n’est pas forcément très objective. Si la plupart des conclusions auxquelles elle arrive sont exactes, elles sont parfois si hâtives et péremptoires qu’elles pourraient aussi bien être erronées… Ainsi, Lily est un peu agaçante, surtout quand elle juge son prochain de la manière si peu amène qui est la sienne.
De prime abord, le personnage de Lily peut sembler particulièrement antipathique. Femme froide, voire revêche, attachée au moindre petit détail et plutôt paranoïaque, ce n’est que petit à petit qu’elle a pu gagner mon intérêt. Pourtant, on sent bien dès le début que son attitude est due à un traumatisme, que la distance qu’elle impose aux autres ou que sa manie de remarquer le moindre détail tient plus de l’instinct de protection que d’un caractère véritablement austère ou fouineur.
Charlaine Harris a su la rendre très réelle, très humaine derrière toute cette froideur et, surtout, très crédible. La lecture pourra peut-être sembler pénible à certaines personnes, avec les interminables listes de tout ce que Lily doit faire chez ses employeurs, ses spéculations parfois inutiles, ses petites tendances à juger les autres à l’emporte-pièce ou à passer du tout au rien, mais tout ceci a un sens quand on connaît l’histoire de cette femme. C’est ce qui fait que le propos de l’auteur semble si vrai.
J’ai apprécié que Charlaine Harris ne cherche pas à nous faire plaindre Lily. On peut éprouver de la compassion pour elle en apprenant ce qui lui est arrivé, bien entendu, mais jamais elle n’inspire la pitié. C’est admirable en soi, ça prouve que c’est bien écrit, réfléchi, et c’est ce qui m’a le plus touchée. Lily est une femme tenace et courageuse, c’est tout à son honneur, mais ce sont sa pudeur et sa dignité qui m’ont le plus marquée.
J’ai fini par l’apprécier et c’est heureux, car les personnages secondaires, tout en étant relativement intéressants, sont passablement caricaturaux, comme s’ils avaient manqué de travail, ce qui amoindrit un peu l’envergure du récit.
Le style est à la mesure du personnage principal, il est plutôt rugueux, très froid et sec (ciel, on croirait que je parle météo…) et quand on n’arrive pas à cohabiter avec le narrateur, la lecture devient toujours difficile. C’est le risque majeur de l’écriture à la première personne… Je me suis attachée à Lily et je l’ai comprise, mais je sais que certains lecteurs trouveront forcément sa compagnie pénible, alors je ne peux que les encourager à continuer leur lecture car je crois sincèrement que cette histoire en vaut la peine.
Il y a par contre quelques petits soucis avec la traduction. J’ai trouvé certaines phrases bizarres, parfois elles m’ont même donné l’impression d’avoir été traduites mot à mot, le choix de certains adjectifs m’a laissée perplexe et, surtout, il y a de très nombreuses fautes dans les noms de gens et de lieux. Alors, bien sûr, on peut se dire que Charlaine Harris a le don de donner des noms à coucher dehors à ses personnages, mais le moindre des soins qu’on peut apporter à une traduction est d’être sûr de ne pas écorcher les noms des personnages…
Je ne saurais pas vraiment dire ce qui m’a plu dans ce roman. Peut-être le fait que l’histoire de Lily semble si vraie, peut-être l’atmosphère pesante de cette petite ville qui cache tant de secrets ou l’enquête elle-même, simple mais efficace… Quoi que cela ait pu être, ça m’a fait dépasser la froideur de l’héroïne et ignorer l’ennui qui pointait quand même son museau de temps en temps.
Ce n’est pas le roman du siècle, ce n’est pas forcément non plus un bon polar, mais j’ai apprécié cette lecture et, si mon avis reste néanmoins un peu mitigé à son sujet, je sais que je lirai la suite en espérant qu’elle me convaincra davantage.