jeudi 31 décembre 2015

Bilan 2015

C'est déjà l'heure du bilan, ou plus exactement le moment de reparler des ouvrages qui m'ont le plus marquée cette année. (Avec concision, je suis épuisée par une bronchite...)
J'ai volontairement omis de citer des nouvelles à la pièce, même si j'en ai lues d'excellentes. J'ai décidé de faire du concentré de coups de cœur, comme la dernière fois. Sinon je me laisserais facilement aller à vous abrutir de titres, ce qui enlèverait tout intérêt à ce billet.


Mon premier gros coup de cœur fut pour Le Voyage de Simon Morley.
J'ai surtout aimé l'ambiance du roman et trouvé originale la façon d'envisager le voyage temporel.


Les Soldats de la mer d'Yves et Ada Rémy fut aussi une merveilleuse découverte. C'est de l'excellent Fantastique, absolument tout ce que j'aime. Il aurait pu faire mon année à lui tout seul.


J'ai également relu avec grand plaisir le superbe recueil de Léo Henry : Les Cahiers du labyrinthe. Habituellement je ne cite pas les relectures, mais il en vaut vraiment la peine.


On reste dans le Fantastique, mais mâtiné de polar, avec Légion, une novella de Brandon Sanderson. Une autre histoire dans ce même univers sort en janvier et je compte me jeter dessus.


Étoiles mortes de Jean-Claude Dunyach fut ma grande lecture du mois de décembre J'en ai savouré chaque chapitre. C'est un incontournable de la SF.


Je suis encore en pleine lecture du sublime Jadis : carnets et souvenirs picaresques de la ville infinie. Je prends mon temps, mais l'ouvrage mérite d'être mentionné dans cette liste. On en reparle en janvier.


J'ai réécouté avec délice la version longue de l'adaptation radiophonique de Good Omens de Terry Pratchett et Neil Gaiman qui avait été diffusée sur BBC4 fin 2014. C'est vraiment génial !


Enfin, la maison d'édition que je souhaite mettre à l'honneur dans mon bilan est ActuSF.
Je lis toujours un grand nombre de ses publications annuelles, mais je trouve que 2015 a été une année particulièrement riche et intéressante. J'ai notamment beaucoup aimé La Danse des étoiles.
J'ai hâte de voir ce que 2016 nous réserve.


Ce sera tout pour cette fois. On se retrouve l'année prochaine avec quelques chroniques vestiges de décembre et, espérons-le, d'excellentes nouvelles lectures.

lundi 28 décembre 2015

Étoiles mortes

Un cycle de Jean-Claude Dunyach publié aux éditions Mnémos.


*


etoiles_mortes




Présentation de l'éditeur :


Vingt-sept AnimauxVilles, dont les rues, les dômes et les beffrois sont faits de chair, ont offert à l’humanité le voyage instantané vers les étoiles. À condition bien sûr de payer le tarif exorbitant exigé par le Cartel. Pour les autres, il ne reste qu’à devenir un Astral : un être désincarné qui attend des années que son corps le rejoigne à bord d’un vaisseau d’émigrants.


Closter, artiste en mal de création, traîne au bar des Étoiles Mortes, accompagné de son chat. Il croise Marika, l’Astrale qui se sert du corps des autres pour sauter de ville en ville. L’un court après sa mémoire, l’autre après sa chair. Ensemble, ils vont changer le monde.


Cinq ans plus tard, dans le musée de chair de l’AnimalVille, Closter hante les galeries où sont exposées ses dernières créations. Vorst, l’ancien milicien reconverti en terroriste, est là pour tout faire sauter… Échappera-t-il au piège des œuvres cannibales ?


La première partie complète du Cycle des AnimauxVilles, et une nouvelle édition pour ce chef-d’œuvre de la SF française (Prix Rosny 1992).


Cette intégrale regroupe : Étoiles mortes suivi de Voleurs de silence


Illustration de Gilles Francescano



Le cycle des Étoiles mortes a vécu quelques autres vies avant d’arriver aux éditions Mnémos, notamment chez J’ai lu puis, avant cela, au Fleuve noir dans la collection anticipation. La belle édition de Mnémos regroupe en un seul les trois volumes, sous une couverture cartonnée. Ce chef-d’œuvre de la SF méritait bien cela.
Ce cycle est donc composé de trois parties, mais la deuxième étant la suite directe de la première, je choisis de les évoquer ensemble et d’en séparer la dernière qui constitue un roman bien distinct.


Dans un futur difficile à situer, mais probablement pas si loin de notre propre époque, la Terre est surpeuplée, les zones cultivables de plus en plus rares et la méditerranée est devenue un vaste désert. Au cœur de celui-ci, les hommes ont fait une découverte : un AnimalVille. Ils l’ont nommé Aigue-marine et cette immense créature, grâce à sa connexion avec ses sœurs, leur a ouvert les portes de l’espace.
Quelques années plus tard, on rencontre ainsi Closter, artiste en manque d’inspiration devenu doublure, qui sillonne les AnimauxVilles avec son chat au rythme des échanges entre les cités. Il semble se laisser balloter par l’existence, jusqu’à sa rencontre avec Marika, une ancienne Aléatrice qui erre à la recherche de son corps…
Et vous vous demandez probablement de quoi je parle, mais le mieux à faire pour comprendre tout cela est de lire ce récit aussi complexe que brillant. Je ne savais pas moi-même où j’allais et n’en ai que plus apprécié ce roman époustouflant qui, outre ses qualités de texte de SF, offre au lecteur qui s’implique une course poursuite déchaînée et des mystères dignes d’un bon polar.
Les personnages eux-mêmes évoluent beaucoup au cours du voyage. On apprend à les connaître. Les esquisses se complexifient sous nos yeux, gagnent en relief et en zones d’ombre. Fuyants, quelquefois inconsistants (c’est le cas de le dire, mais Marika l’Astrale l’est moins que Closter) de temps en temps malaisés à suivre, on finit par les aimer, les détester aussi, parfois en même temps. Cependant, même les caricatures se fissurent et nous laissent entrevoir la complexité de l’âme humaine. Et il y a Ombre, un des plus formidables chats littéraires qu’il m’ait été donné de rencontrer.
Je me suis glissée lentement dans l’intrigue, jusqu’à ne plus pouvoir lâcher ce roman avant d’en connaître la conclusion. C’est de la très bonne SF, imaginative sans perdre contact avec la réalité, offrant une vraie réflexion tout en restant ludique et distrayante. Ce roman m’a tout de suite plu, mais il n’est pas facile de prendre pied dès les premières pages sur ces cités de chair. L’histoire se dévide petit à petit, se dérobe souvent, comme les souvenirs de Closter. J’ai adoré cela, mais si ce dédale vous décourage, je vous exhorte à la patience. Elle sera récompensée.
Ce texte est magistral, déroutant, empli de suspense jusqu’à la toute fin. J’en suis sortie lessivée. Cette première partie des Étoiles mortes m’a offert mon dernier, mais pas des moindres, coup de cœur de l’année. Je ne l’avais pas encore terminé que je bousculais ma liste de Noël pour faire passer en priorité Étoiles mourantes, autre facette de l’histoire des AnimauxVilles que Dunyach a écrit en collaboration avec Ayerdhal, c’est dire.


J’avais besoin de digérer cette première partie et n’étais pas particulièrement emballée à l’idée de me plonger immédiatement dans une suite, surtout axée sur un personnage secondaire. Mais je n’avais pas le choix. En tournant les pages de Voleurs de Silence, je ne savais pas vraiment dans quoi je m’embarquais. Après un récit pour le moins haletant, j’ai pénétré dans une œuvre très différente. Le changement d’ambiance fut perturbant, mais les événements plus encore.
Voleurs de Silence est une création esthétique, peut-être trop pour moi. Le lecteur passe sans cesse du réel au rêve, à la suite des personnages. Les songes qui sont ainsi vécus par Vorst comme par le lecteur éclatent le récit, le fragmentent ou le lient de force. Ils sont artistiques, contemplatifs et peu perméables. Ces rêves sont des cabochons incrustés dans la part de réel du roman, des parties qui semblent indépendantes, mais sont nécessaires à l’ensemble.
On apprend ou non à aimer ce roman bizarre qui ne m’a pas semblé facile d’accès. Je pense que le premier rêve, qui m’a profondément dérangée, a contribué à ma difficulté à entrer dans ce texte, mais je me suis laissé convaincre au fur et à mesure. L’harmonie vient malgré le doute, ou peut-être grâce à lui.
Voleurs de Silence est à la fois un labyrinthe et un puzzle, une méditation active, quelque chose à vivre et non à raconter, le voyage y compte autant que la destination. Deux forces s’y opposent, mais laquelle représente vraiment le chaos ? Et, surtout, vont-elles saisir qu’elles ne sont pas dissociables ?
Encore plus déroutant que le roman précédent, Voleurs de Silence m’a laissé une très étrange impression. Cette lecture fut épuisante, nettement moins plaisante, et me donnera longtemps à réfléchir.


Étoiles mortes est un chef-d’œuvre qui ne doit pas être uniquement réservé aux amateurs de Science-Fiction. Donnez-vous la peine de découvrir ce cycle qui sait garder ses secrets, éveiller l’intérêt tout autant que l’intelligence du lecteur et qui crée un équilibre artistique qui, ma foi, est bien digne de ceux de Closter.


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dimanche 20 décembre 2015

[Tag] Avez-vous dans votre pile à lire...

J'ai piqué ce tag chez Lune qui l'a elle-même trouvé chez PKJ.


Donc, est-ce que j'ai dans ma PAL :


1) un livre dont vous ne savez pas de quoi il parle :
Elliot du néant de David Calvo. Je sais seulement que ça se passe en Islande.


2) un livre depuis plus d'un an :
L’armoire des robes oubliées de Riikka Pulkkinen. C’est un cadeau. Je ne serais pas allée vers ce livre ; j’ai quand même envie de le lire, mais je fais un blocage psychologique.


3) un tome 2 :
La couronne de l’élue, tome 2 de L’ère des miracles de Richelle Mead.


4) plusieurs livres d'une même série :
Lanmeur 3 et 4 de Christian Léourier.


5) un classique :
Le Portrait de Mr. W. H. d’Oscar Wilde.


6) un livre qui vous fait vraiment très très envie :
Trop, à mon grand désespoir. Pour cette fois on va choisir La dernière fée de Bourbon d'Ophélie Bruneau.


7) un livre que vous gardez pour le lire pendant une période précise (grandes vacances, période de Noël...) :
Plein… Par exemple, ça fait deux ans que j’ai Le crime d’Halloween d’Agatha Christie et que je n’ai jamais le temps de le lire à la bonne période.


8) un livre que vous avez prêté sans l'avoir lu :
Je ne prête plus mes livres.
Par contre j’en ai offert un sans l’avoir lu (ce que je ne fais jamais, à moins que la personne l’ait demandé). C’était Comme un conte de Graham Joyce. La qualité est assurée.


9) un poche :
Ce n’est pas le choix qui manque… Disons Le Déchronologue de Stéphane Beauverger.


10) un livre dont vous aviez complètement oublié l'existence :
Ombre blanche de Clemence Housman.


11) votre prochaine lecture (promis, juré !) :
Les neiges de l’éternel en ebook et... j'hésite encore pour le livre papier. Faudrait déjà que je finisse les deux qui sont en cours...


12) un Pocket Jeunesse :
Le prince de la brume de Carlos Ruiz Zafron.


13) un livre que personne n'a aimé, du coup, vous avez un peu moins hâte de le lire :
Je ne suis pas particulièrement influencée par l'avis général... Disons Rouge rubis de Kerstin Gier.


14) un livre que tout le monde a aimé, du coup vous avez peur d'être déçu :
Le libérateur, tome 3 des Outrepasseurs de Cindy Van Wilder.
En fait ça n'est pas vraiment lié à l'avis des autres. Quand j'attends beaucoup d'un livre, je tergiverse toujours longtemps avant de le lire. Ce qui va sans nul doute le desservir au final, mais je n'y peux rien...


15) un livre qui va être adapté au cinéma et que vous voulez absolument lire avant (si, si !) :
Récemment j’avais When Marnie was there (et finalement j’ai vu l’adaptation avant). Sinon j’ai les Magiciens de Lev Grossman, mais ça va être adapté en série.
J’ai Cartographie des nuages. Je ne suis pas pressée de le lire, mais je suppose que je le ferai avant de voir le film (sur lequel je ne vais pas me précipiter non plus).


16) un livre avec une tranche rouge :
Sleight of hand de Peter S. Beagle.


17) un livre de votre auteur préféré :
L’océan au bout du chemin de Neil Gaiman. Et ce n’est pas faute de vouloir le lire…


18) une suite de série mais avouez-le, vous ne vous souvenez plus de l'histoire des tomes précédents :
Le tome 2 des chroniques de Siala. J'avais bien aimé le premier, même si c'était très, très classique dans le genre quête d'un artefact magique (à éviter pour les gros lecteurs de Fantasy). Je me souviens de l'histoire dans les très grandes largeurs seulement...


19) un thriller :
Les runes de feu de Cyril Carau (c’est pas ma faute s’il n’est pas encore lu !)


20) un roman fantastique :
Comme un conte de Graham Joyce.


21) une dystopie :
La Tyrannie de l’arc-en-ciel de Jasper Fforde.


22) une romance :
Shhh… Attends je cherche…
Mais attends, je te dis que je vais trouver. Je suis sûre que j’ai un truc qui peut passer qui traîne et…
New Victoria de Lia Habel. De la romance et du zombie, tout ce que je déteste. C’est la faute de Chani.


23) un livre d'un auteur dont le nom de famille commence par C (oui c'est très précis) :
L'évangile cannibale de Fabien Clavel.


24) un livre qu'on vous a conseillé :
Côté Face d’Anne Denier, un conseil de Chani (son avis est par-là).
À noter que ce livre fait parti des maudits de la PAL, souvent sorti , toujours remis à plus tard. En l’occurrence, j’avais écouté les premiers chapitres sur le site de l’auteur, j’étais super impatiente de connaître la suite et à l'époque il fallait encore se procurer le roman via Lulu qui a mis des plombes à me l’envoyer. Il ne faut jamais que je commence un livre si je ne vais pas avoir la possibilité de continuer ma lecture à mon rythme, c’est le plus sûr moyen de le voir atterrir dans la PAL de la honte…


25) plusieurs livres d'un même auteur :
L’horloge du temps perdu et American Fays d’Anne Fakhouri.

26) un livre avec le mot "secret" dans le titre :

Le Secret de l'immortelle d'Alma Katsu.


27) le dernier livre que vous avez acheté :
Le dernier livre que j’ai acheté est numérique : Le travail du furet de Jean-Pierre Andrevon. Le dernier livre papier est Darryl Ouvremonde d'Oliver Peru mais comme c'est un financement via Ulule, il n'est pas encore officiellement dans la PAL (j’aime tricher dans les tags et citer plus de livres qu’il n’en faut, ce n’est pas nouveau).


28) un autre livre Pocket Jeunesse :
Tu abuses là… Oh punaise j’en ai un ! Fablehaven 1 (en fait j’ai les trois premiers, c’était un cadeau et pour tout vous dire je pense que je n’arriverai jamais à réunir assez de motivation pour les lire. C’est beaucoup trop jeunesse pour moi).


29) un livre que vous avez acheté pour la couverture :
Je n’achète pas mes livres pour la couverture. Si elle est belle c’est juste un plus. Mais disons que j'aurais pu acheter Un an dans les airs rien que pour ça. Et si je ne l'ai pas encore lu, c'est que mes yeux fatiguent vite sur ce genre d'ouvrages...


30) plus de livres que vous n'en lisez en un an (la question vaut 5 points) :
À ma grande honte… oui. Et je lis environ une centaine de bouquins par an…………
Ce n’est pas de ma faute, c’est la livropathie (et l’habitude d’acheter les livres les plus improbables avant qu’ils ne disparaissent du marché.)


J’ajoute à ce tag une mention bonus :
J’ai deux livres dans ma PAL que je ne lirai jamais, à mon grand désespoir.
Une amie m’a offert deux livres de contes qu’elle a achetés chez un bouquiniste en Irlande, mais ils sont en gaélique. Non, ce n’est pas une erreur de sa part. L’attention est adorable, mais je ne lis pas cette langue et il n’y a rien de plus frustrant pour une livropathe que d’avoir un livre dans ses pattes et de ne pouvoir en comprendre un traître mot. D’autant quand la livropathe est particulièrement férue de contes et légendes…


Et vous, qu'avez-vous dans votre PAL ?

mercredi 16 décembre 2015

The Truth is a Cave in the Black Mountains

The Truth is a Cave in the Black Mountains est une nouvelle de Neil Gaiman inspirée par un mythe venu des Hébrides.
Il existe une version illustrée par Eddie Campbell, mais on peut aussi la lire dans l’anthologie Stories ou dans le recueil Trigger Warning. Le texte intégral lu par l’auteur est disponible en audiobook, mais c’est du feuilleton radiophonique adapté par Karen Rose que je vais vous entretenir aujourd’hui.
Celui-ci a été diffusé en décembre sur BBC 4 dans l’émission Book at bedtime. Le feuilleton a été découpé en cinq épisodes d’environ quinze minute chacun. Cela nous donne pile la capacité d’un CD et j’espère que celui-ci sortira un jour.
Je n’ai pas encore lu le texte original, donc je ne peux juger de la façon dont la nouvelle a été adaptée et abrégée, mais j’ai pris grand plaisir suivre ces épisodes. Bill Paterson (Ned Gowan dans Outlander) prête sa voix au personnage et nous conte une histoire sombre, pleine de regrets, de colère et de secrets. Il est très agréable à écouter, j’apprécie son accent qui rend le texte particulièrement mélodieux. J’aime beaucoup les adaptations radiophoniques de la BBC qui ne sont jamais sur-jouées.
En écoutant cette nouvelle, j’ai eu l’impression de me retrouver en Écosse, de cheminer sous la pluie avec ces personnages qui ont chacun des choses à cacher. Cette histoire m’a touchée, j’en ai eu des frissons en écoutant le dernier épisode, mais j’aurais tôt fait de trop dévoiler l’intrigue si j’en disais davantage.
Écoutez-la, lisez-la et partez vous aussi à la recherche de la richesse… ou d’autre chose.
Le feuilleton est encore disponible pour une semaine sur le site de la BBC.

lundi 14 décembre 2015

Par la grâce des Sans Noms

Un roman d'Esther Brassac, publié aux éditions du Chat Noir.


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par la grace des sans noms




Présentation de l'éditeur :
Mars 1890.
Voilà près de vingt ans que la guerre franco-prussienne est terminée. Le canon hypersyntrophonique utilisé par Napoléon III a assuré une victoire retentissante au goût pourtant amer. Les retombées de l’arme monstrueuse ont causé des millions de morts à la surface de la Terre, détruisant également la faune par une lèpre incurable tandis que la végétation mourait peu à peu. Grâce à l’intelligence des scientifiques autant qu’au pouvoir des enchanteurs, un dôme de trois mille six cents kilomètres carrés a été construit, permettant de sauvegarder une zone du sud-ouest de la France, le Royaume garonnais.
Alors que tout espoir de voir la vie renaître au-delà de la frontière artificielle est perdu, des crimes en série abjects sont perpétrés dans la cité tolossayne. Le préfet charge un fin limier, Oksibure, spectre coincé entre le monde des vivants et celui des morts, de résoudre cette terrible affaire.
Au même moment, Aldebrand loue une maison dans le centre de la cité pour y résider quelques mois avec ses amis : Cropityore, un incube de dix-huit mille ans et Katherine de Clair-Morange, humaine récemment transformée en vampire en raison d’une vieille malédiction. Tous trois désirent créer un album gothique pour le compte d’une prestigieuse maison d’édition. Bien qu’il soit à la recherche de sa jumelle disparue dans d’étranges circonstances, Aldebrand va devoir aider Katherine à assumer les pénibles répercussions de sa métamorphose. Tout au moins, croit-il que ce sont là des problèmes bien suffisants à assumer. Il est loin d’imaginer que la demeure louée va bientôt concrétiser des cauchemars plus terribles encore.



Si l’on doit bien reconnaître une qualité à Esther Brassac, c’est son imagination débordante. J’ai pris grand plaisir à découvrir ce roman qui sort résolument de tout ce que j’ai pu lire en Steampunk ces derniers temps. L’intrigue est complexe, toute en circonvolutions et rebondissements, on ne risque pas de s’ennuyer avec ce thriller ni de deviner trop tôt où l’auteur veut nous conduire. Disons-le franchement : ça change !
Dès le départ, le roman se scinde en deux histoires distinctes et l’on ne sait avec certitude si elles sont vouées ou non à se rejoindre. On évolue dans un petit espace clos, le royaume garonnais, alors que le reste du monde a été détruit suite à l’usage d’une arme particulièrement dévastatrice lors de la guerre contre les Prussiens. Grâce aux enchanteurs et aux scientifiques vampires, une fraction infime de la population, qui comprend des humains mais aussi des créatures magiques, a été sauvée et confinée sous un dôme protecteur. Les animaux survivants, atteints d’une lèpre incurable, ont été modifiés génétiquement et en partie mécanisés. La végétation, quant à elle, doit son salut à d’étranges entités qui évoluent sur un autre plan : les Sans Noms.
Alors que les Garonnais tentent depuis une vingtaine d’années d’oublier leur traumatisme et de vivre normalement, d’abominables meurtres viennent menacer leur fragile équilibre. C’est Oksibure, spectre détective, qui se voit chargé de l’affaire. Pendant ce temps-là, des artistes commencent l’élaboration d’un ouvrage sur les créatures magiques… Les affaires sont-elles liées ?
L’atmosphère sombre et mystérieuse de ce thriller est vraiment très prenante. On se laisse facilement entraîner, apprenant au fur et à mesure les secrets de ce royaume enclavé, dernier bastion de vie sur terre. Les personnages sont plaisants, j’ai beaucoup aimé Oksibure et sa flammèche, ainsi que Katherine, vampire qui se débat avec sa malédiction familiale. Cropityore l’incube est délicieusement caricatural, c’est ce qui fait son charme. J’ai été moins séduite par Aldebrand, qui atermoie beaucoup comme le dandy romantique qu’il est mais demeure malgré tout sympathique… Tous ces personnages sont hauts en couleur, crédibles et parfois même attachants.
Par la grâce des Sans Noms est un long roman, consistant, fascinant et surtout très bien écrit, malgré quelques coquilles. Le style élégant, un peu désuet, convient parfaitement à ce genre de récit et l’auteur sait ménager son suspense. Elle bouscule son lecteur, pique sa curiosité sans la satisfaire tout de suite. C’est un peu cruel, mais très bien mené.
J’ai été moins emballée par le dernier quart. J’avais découvert où j’allais, cela ne me gênait pas mais quelques invraisemblances et détours un peu longuets ont légèrement émoussé mon enthousiasme. Je n’ai pas été spécialement conquise par la fin, qui pourtant ne manque pas de panache. L’auteur a néanmoins évité les facilités pendant une bonne partie du roman et ça reste une excellente lecture.
La part steampunk de ce récit est originale, pas seulement un choix esthétique, mais c’est surtout un bon polar fantastique. Les plus exigeants apprécieront le goût du détail et l’intrigue bien ficelée.

dimanche 13 décembre 2015

Saturday's Award Book (1)

Ce rendez-vous fut initié par le blog Echos de mots. Il a été repris par Chani et Cassiopée.


Le principe : Chaque semaine, un thème sera donné. Le but est de sélectionner, parmi les livres que l'on a lu, 3 livres selon le thème (les nominés). Puis, parmi ces 3 livres, élire le gagnant (le vainqueur de l'Award en question).


Je sais que c'est dimanche (faut aller voter, tout ça, tout ça...), mais Chani a publié son billet aujourd'hui (donc c'est sa faute).
Cela fait un moment que j'ai envie de participer à ce rendez-vous, le thème de la semaine me plaît bien, alors c'est parti pour l'Award du :


Livre que vous adorez relire à Noël, quitte à mettre de côté vos services presse et votre PAL monstrueuse, parce que ce livre-là sera toujours associé à la saison et qu'il vous fait rêver.


En lice :


Les Contes de Noël de Charles Dickens


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J'aime beaucoup les écrits de Dickens et particulièrement ses contes de Noël.


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Le livre de Noël de Selma Lagerlöf


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En fat je n'aime pas toutes les nouvelles de ce recueil, mais j'adore celle qui lui donne son titre. C'est un de mes textes de Noël préférés.


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D'or que landes ou l'étrange aventure d'Harvey Squire de Denis Bretin


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Ce roman jeunesse, mais qui convient à tout âge, est parfait pour les soirées d'hiver. Du mystère, de la neige, une ambiance à la fois sombre et magique... J'en garde un très bon souvenir et le relirais volontiers. Il m'avait d'ailleurs été offert à Noël.


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Et le gagnant est :


Contes de Noël


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Un incontournable de la fin d'année... Mon imaginaire a été profondément marqué par Un Chant de Noël et je ne me lasserai jamais de relire cette histoire.

lundi 7 décembre 2015

Les Compagnons du Foudre

Un roman de Denis Hamon, publié chez Ad Astra.


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Présentation de l'éditeur :
Plusieurs décennies après l’apocalypse, le monde est noyé sous la brume.
Tombée du ciel à travers la carlingue du Foudre, un vaisseau de pirates, une jeune femme s’éveille sans aucun souvenir.
Bien décidé à l’aider à retrouver la mémoire, l’hétéroclite équipage se heurte très vite aux dirigeants fanatiques de ce sombre futur, guidés par une religion basée sur le tarot.
Et tandis qu’au-dessus d’eux plane l’ombre terrifiante des Taromanciens, les compagnons du Foudre partiront en quête de vérité et iront, si nécessaire, jusqu’à la mort.
Pirates, oui, mais avec un sacré code de l’honneur !



Ce roman d’aventures m’a beaucoup rappelé la série Firefly (que j’adore) : une jeune fille étrange échappe de justesse à ses geôliers et est recueillie par un groupe de hors-la-loi écumant les airs dans un vieux vaisseau brinquebalant… Il y a de nombreuses similitudes, mais au final les deux ne peuvent être comparés.
Le monde créé par Denis Hamon a été ravagé par une guerre sans merci. Une brume toxique a envahi la terre, forçant les humains à se retrancher dans les hauteurs ou mieux dans des cités volantes. L’Ordre du renouveau, qui vénère les arcanes du Tarot, étend son influence sur l’humanité, aidé en cela par la figure mythique des Taromanciens, étranges créatures imprévisibles et quasi-divinisées. Plume, tel est le nom que la fugitive se choisira, est amnésique et ne sait pas pourquoi les prédicateurs en ont après elle. L’équipage du Foudre va tenter de l’aider à le découvrir.
J’adore les histoires de pirates stellaires ; celle-ci est assez représentative du genre, mais il m’a manqué quelque chose pour vraiment accrocher. Je ne saurais dire quoi, peut-être un peu de peps. Les Compagnons du Foudre est cependant un roman sympathique, bourré d’action, et cette religion née du tarot, assortie de la dictature instaurée par ses prêtres, se révèle intéressante. Les aventures de l’équipage sont pleines de rebondissements et m’ont fait l’effet d’être découpées en épisodes. J’en ai apprécié certains plus que d’autres, mais le tout est équilibré. On apprend à connaître les personnages dans l’action comme au quotidien, ce qui est agréable. Néanmoins, quelque chose m’a empêchée de m’attacher vraiment à eux. Je les ai trouvés un peu caricaturaux.
Ce fut une lecture distrayante et j’ai beaucoup apprécié la fin. L’intrigue, bien ficelée, nous emmène sur des sentiers inattendus et on se rend compte qu’aucun détail n’était dû au hasard.

vendredi 4 décembre 2015

[Tag] Liebster Award

J'ai été taguée par Lullaby.


Le principe est simple :
- Dire onze choses sur soi.
- Répondre aux onze questions posées par la personne qui vous a tagué.
- Poser onze questions et taguer onze personnes.


Onze choses (vachement importantes) sur moi :
- J’aime tricoter.
- J’ai un répertoire très étendu de chansons tout à fait improbables et je les chante n’importe quand. J’ai réalisé que je tenais ça de ma mère, même si nous n’avons pas les mêmes titres phares.
- J'apprends à évaluer la qualité des miels. Dans le cadre d'un concours ou de l'obtention d'une AOC il y a une évaluation scientifique : l'analyse chimique du miel et une évaluation sensorielle (organoleptique en fait). C'est la seconde que je pratique.
- J'ai passé un Bac L spécialité Arts plastiques et je ne sais absolument pas dessiner. C'était un choix par défaut.
- Je souffre d'acouphènes. J'entends relativement bien la plupart du temps, mais s'il y a du brouhaha je risque de vous faire répéter quelque fois.
- Je n'arrive pas à revendre ou donner des livres.
- Je mange toujours un croissant de la même façon.
- J’étais résolument réfractaire aux liseuses. Ouvrir un livre est quelque chose de simple, on a juste besoin de lumière pour lire. Pour moi une liseuse était un gadget coûteux et inutile. Cependant, j'ai de sérieux problèmes de vue et je dois bien admettre qu'en acquérir une m'a changé la vie.
- J’ai une façon de m’exprimer assez sèche (encore plus à l’écrit et pire encore quand je fais de l’humour). Donc si un jour vous avez l'impression que je vous agresse, sachez qu'il y a 90% de chances que cela ne soit absolument pas voulu.
- Si je tombe sur une grille de sudoku, je ne peux pas m’empêcher de la remplir…
- Parfois je lis des textes à haute voix dans mon jardin pour l'agrément des corneilles, des merles et des passants.


Les questions de Lullaby :


Quel est le dernier livre que tu aies lu ?
Par la grâce des sans-noms d’Esther Brassac.


Tu as la possibilité de visiter une planète ou un satellite du système solaire : laquelle (ou lequel) choisis-tu ?
Saturne. Aucune idée de pourquoi, mais c'est elle que j'ai envie de voir.


Thé ou café ?
Thé ! À toute heure du jour et de la nuit.
Je n'aime pas le café. Il passe tout juste dans les pâtisseries ou le chocolat amer.


Si tu devais emporter un livre sur une île déserte, ce serait lequel ?
Celui que je serais en train de lire. :P Ou plus pragmatique : "Comment survivre sur une île déserte", ça doit bien exister.


Côté obscur ou lumineux ?
Choisir serait beaucoup trop ennuyeux.


Aimes-tu les cookies ?
"Viens du côté obscur, on a des cookies", c'est ça l'idée ?
J'aime les cookies, mais seulement s'ils sont faits maison. Mon père étant pâtissier, je suis forcément difficile.


Quel livre t’a le plus fait rire ?
Ce genre de question est toujours très difficile pour moi. Je me torture les neurones et au final le livre idéal ne m'apparaît que bien après.
C'est sûrement un Pratchett.


Si tu pouvais remonter le temps, quelle forme aurait ta machine (voiture, WC, machine à vapeur, autre…) ?
Un fauteuil confortable. Enfin c'est ce que j'imaginais quand j'étais môme... Ce n'est pas le truc le plus pratique, surtout si on veut passer inaperçu.
La bateau serait très classe, surtout s'il vole. (La place d'un bateau est dans le ciel, comme chacun devrait le savoir.)


As-tu déjà lu et marché en même temps ?
Oui. J'évite de le faire dans la rue, mais quand je suis chez moi et que j'ai besoin de me dégourdir les pattes, je marche en lisant.


Chat ou chien ?
Les deux.
Dans toute ma vie, il n'y a que deux ans que j'ai passé sans avoir de chien à mes côtés. Ce sont des animaux très rassurants. Ceci dit, j'ai plus un caractère à chats.


Pris(e) dans ta lecture, tu n’as pas vu l’heure passer et te voilà enfermé(e) dans la bibliothèque pour la nuit ! Mais d’ailleurs… dans quelle bibliothèque es-tu ?
Peu importe, tant qu'il y a de bons livres. Mais quitte à choisir autant qu'elle soit magique avec des bouquins improbables qui choisissent leurs lecteurs, des sièges flottants qui se déplacent à leur guise, des tasses de thé qui se remplissent toutes seules, des feux follets en guise d'éclairage, des chats-phénix ronronnants et des corneilles-dragons qui déclament des vers quand l'envie les prend.


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Et voilà, j'en ai terminé avec ce sympathique questionnaire.
Je ne vais taguer personne car je crois bien que toutes les blogueuses que je lis ont déjà fait ce tag (ou ont été désignées pour le faire).
Ceci dit, si le reprendre vous tente, j'ai quand même préparé une liste de questions :


- Quand tu étais enfant, quel métier imaginaire te serais-tu vu exercer ?
- As-tu déjà eu l'impression qu'un livre te parlait de toi ?
- T'es-tu déjà caché pour lire ? (Pourquoi et quel livre, bien sûr.)
- Thé ou café ? (Oui, c'est une question très importante donc je la reprends.)
- Y a-t-il un poème qui, même si tu n'aimes pas la poésie, te revient souvent en mémoire ?
- Aimes-tu choisir tes lectures selon la saison ?
- Quel est le livre le plus bizarre de ta bibliothèque ?
- Quel était ton livre préféré quand tu étais enfant ?
- Quelle adaptation de livre au cinéma ou en série as-tu préférée ?
- As-tu un livre doudou ?
- Possèdes-tu un livre pratique (par exemple de cuisine) que tu utilises régulièrement ?