lundi 25 juillet 2016

Lettres écarlates, Meg Corbyn T1

Un roman d'Anne Bishop, publié chez Milady.

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Présentation de l'éditeur :

Meg Corbyn a vécu toute sa vie coupée du monde, traitée comme de la viande par des hommes sans scrupules se servant de ses visions du futur pour s'enrichir. Lorsqu'elle s'enfuit, ils sont prêts à tout pour la récupérer, même à s'aventurer sur le territoire des Autres. Ces créatures de cauchemar prêtes à éradiquer l'humanité au moindre faux pas auprès desquelles Meg va trouver refuge. Mais si Simon Wolfgard, loup-garou et chef de la communauté, est d'abord intrigué par cette humaine intrépide, il pourrait à tout moment décider de simplement éliminer cette source de danger pour les siens…

Meg Corbyn, The Others en V.O., est une série de low fantasy uchronique. L’intrigue se déroule dans un monde et une époque qui ressemblent aux nôtres, mais le point de divergence remonte à la naissance de la vie sur la planète. Namid, une déesse-mère, a engendré une race particulière, composée de métamorphes, de vampires et d’élémentaires, avant les humains. Si ces derniers les nomment simplement les Autres, ils se font plutôt appeler Terra Indigene (à mon grand désespoir le latin est utilisé à tort et à travers dans ce roman, mais passons sur cette faute de goût). Dans sa grande sagesse, Namid a protégé les humains des Autres afin qu’ils puissent survivre et se développer. Néanmoins, ils ont fini par prendre conscience de l’existence les uns des autres et que dire, sinon que les humains ne sont pas cette fois au sommet de la chaîne alimentaire… L’uchronie n’est pas plus développée que cela. Les humains se sont montrés créatifs (mais pas plus que dans notre monde) et leurs inventions ont amélioré leur mode de vie ainsi que celui des Autres par ricochet. En effet, ces derniers se sont arrogé toutes les ressources naturelles et veillent à rester la race dominante tout en profitant des progrès apportés par l’humanité. Dans les quelques grandes villes humaines, sont installés des Enclos où les lois humaines ne s’appliquent pas. Les Autres y vivent tout en surveillant leurs voisins. L’Enclos de Lakeside est plus progressiste que les autres, même si c’est uniquement par intérêt. Et c’est là que va trouver refuge une étrange jeune femme, qui s’est échappée d’une institution. Au début, Meg Corbyn ressemble un peu à un chaton mouillé. C’est une jeune femme très innocente, de par sa nature et le fait qu’elle n’a jamais vraiment été confrontée au monde, néanmoins elle est intelligente, elle sait s’adapter rapidement. Elle est pragmatique, même si elle a vécu des choses affreuses, elle veut aller de l’avant et ne se laisse pas aliéner par la peur. Elle a le cœur sur la main, sans être niaise ou trop naïve. Par-dessus tout, elle tient à sa liberté chèrement acquise. Si elle doit mourir, au moins mourra-t-elle libre. À l’instar des Autres, on ne peut que s’attacher à elle et vouloir son bonheur. Ce premier tome est très axé sur les personnages et sur la présentation de cet univers en général ainsi que de l’Enclos. On apprend en même temps que Meg à connaître les Autres, leur mode de vie et les différents clans, mais surtout on découvre petit à petit qui est Meg et ce qu’elle fuit. C’est un personnage intéressant, mais pas la seule humaine sur qui va se focaliser notre intérêt. Les personnages secondaires, humains ou Terra Indigene sont tout aussi développés et j’ai particulièrement aimé Hiver. On m’avait tellement vanté les qualités de cette série que je craignais d’y avoir placé trop d’attentes. Au final, je ne suis pas déçue du tout. Le premier tome des aventures de Meg Corbyn s’est révélé très distrayant. L’intrigue n’est pas époustouflante, mais la nature de Meg ainsi que la façon de vivre des créatures surnaturelles apportent une dose suffisante d’originalité. L’histoire est intéressante et surtout très agréable à lire. Ce roman a été ma « récréation » du soir, une pause bienvenue face à des lectures plus sérieuses, et j’étais toujours ravie de le retrouver, repoussant l’heure du coucher alors que les pages défilaient à toute vitesse. C’est une série sympa et pleine de potentiel. Elle tire son épingle du jeu dans le flot de parutions de ce type et elle le mérite amplement.

samedi 23 juillet 2016

Ma Chèvre s'est mangé les pattes

Un recueil de nouvelles d'Alex Burrett publié par les éditions Aux Forges de Vulcain.

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Présentation de l'éditeur :

Quel lien peut-il bien exister entre une chèvre qui, faute de pattes, est obligée de barboter dans un étang arrimée à un radeau, une femme dont le dernier petit ami était l’ange de la Mort en personne, un abattoir à humains, un guerrier médiéval qui ne sait qui choisir entre sa femme et son chien, un homme indestructible mais qui l’ignore, un couple d’amants littéralement collés l’un à l’autre et qui deviennent des gourous du sexe, et bien d’autres encore ? L’imagination fantasque d’Alex Burrett ! En trente-deux textes enlevés, Burrett dépeint notre société par autant de saynètes absurdes, déployant un talent de conteur sous acide, mordant, percutant ; un monde à vif où rien n’est ce qu’il semble être, où l’on peut être ami avec une pierre, où l’Enfer se convertit aux vertus du tourisme de masse, et où les maisons habitées depuis des années savent faire culpabiliser leurs habitants. Absolument jubilatoire !

Ma Chèvre s’est mangé les pattes est un recueil de trente-et-une nouvelles. Certaines sont teintées de SF, de Fantastique ou de réalisme magique, l’ambiance d’autres ne déparerait pas dans un polar. Cependant, elles sont aussi quelquefois d’un réalisme des plus cyniques et pas si banal qu’on voudrait nous le faire croire. Drôles ou stressantes, souvent à chute, elles peuvent vous désarçonner à tout moment. On ne sait jamais sur quoi on va tomber au détour d’une page, ce qui rend ce recueil d’autant plus attrayant. Ces textes courts flirtent de temps en temps avec l’absurde, notamment le premier qui a donné son étrange titre à l’ouvrage. Avouez quand même que cette histoire de chèvre éveille votre curiosité… L’humour caustique de ces récits est délectable, mais ils sont surtout d’une grande intelligence. Majoritairement écrits à la première personne, ils prennent la forme de confidences qui se révèlent bien moins anodines qu’on pourrait le penser de prime abord. L’auteur use souvent, à dessein, d’un ton clinique ou imitant une banale conversation entre amis pour renforcer le contraste entre ses propos et la normalité, ce qui rend le tout encore plus grinçant. Les thèmes sont variés et, à l’exception de deux, les textes sont indépendants. La cohésion entre ces nouvelles naît de leur esprit cynique, de la finesse des réflexions de l’auteur et de cette ambiance si particulière qu’il a su créer. Il ne s’embarrasse pas de politiquement correct, mais discourt sur les travers et les misères de l’humanité comme s’il parlait de la pluie et du beau temps. À tout moment, la perception que vous avez d’un de ses récits peut basculer vers tout autre chose. L’écriture de nouvelles est un art difficile qu’il maîtrise à la perfection. Au fil de cette lecture, on vous parlera des amours de l’ange de la mort (qui est un gars sympa), des dangers que mentir à un premier rendez-vous peut engendrer, de la gestion d’un abattoir pour humains ou d’un rat particulièrement ambitieux… C’est original, vif et intéressant. Ce recueil, qui se lit très vite tant il est ludique et bien écrit, fut une excellente surprise.

Vous pouvez également découvrir l'avis enthousiaste de Lune.

   JLNND-Je-lis-des-nouvelles-et-des-novellas   

lundi 18 juillet 2016

Bilan du CRAAA

Le CRAAA était un challenge organisé par Cornwall du blog La Prophétie des ânes. Il s'agissait de lire des recueils, des anthologies et des fix up.



CRAAA


Je suis décidément une personne pleine de contradictions… Je n’ai jamais si peu lu d’anthologies et de recueils que durant cette année de CRAAA et je recommence tout juste quand le challenge se termine. Je n’ai pas même lu un seul de mes titres bonus…
Malgré tout, puisque les novellas (mon format préféré) ont été admises dans le défi à mi-parcours, j’ai atteint le palier choisi, soit douze ouvrages (pour diverses raisons, je n’ai pas compté toutes les lectures qui pouvaient s’inscrire dans ce challenge).

Enfin bref, voici donc les douze lectures qui ont composé mon CRAAA (on notera que mon amour pour les fix up va grandissant) :
- Les Soldats de la mer d’Yves et Ada Rémy (fix up)
- À voile et à vapeur (anthologie)
- Légion de Brandon Sanderson (novella)
- Caver Den de Xavier Portebois (novella)
- Feuillets de cuivre de Fabien Clavel (fix up)
- Fêlures de Rozenn Illiano (recueil)
- Les neiges de l’éternel de Claire Krust (fix up)
- L’Origine des Victoires d’Ugo Bellagamba (fix up)
- Techno Faerie de Sara Doke (fix up)
- Notre-Dame de la mer de Rozenn Illiano (novella)
- Échos obscurs de Denis Labbé (recueil)
- Cookie Monster de Vernor Vinge (novella)

Ce fut un chouette challenge et bon nombre de ces lectures ont été des coups de cœur.

Le CRAAA est terminé, mais heureusement il nous reste le JLNND !

samedi 16 juillet 2016

Le Club des punks contre l'Apocalypse zombie

Un roman de Karim Berrouka paru chez ActuSF.

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Paris n’est plus que ruines.
Et le prix de la cervelle fraîche s’envole.
Heureusement, il reste des punks.
Et des bières.
Et des acides.
Et un groupe électrogène pour jouer du Discharge.
Le Club des punks va pouvoir survivre à l’Apocalypse.
Enfin, si en plus des zombies, les gros cons n’étaient pas aussi de sortie...

Il est grand temps que l’anarchie remette de l’ordre dans le chaos !

Politiquement incorrect, taché de bière et de Lutte finale, Le Club des punks contre l’apocalypse zombie est un condensé d’humour salutaire.
Avec le titre, le ton est donné. No future ? Ok, à votre service… Voilà les zombies !!!
Du jour au lendemain, débarquent des morts-vivants de base, c’est-à-dire cons comme des manches, lents mais tenaces et, surtout, avides de cerveaux humains. Face à cette Apocalypse balbutiante, mettons un groupe de punks qui vivent en collectif dans un squat. Ces personnages couvrent quasiment tout le spectre de ce que l‘on fait en matière de punk. Ça va de l’anarchiste militant aux punks destroy, sans oublier le freegan fan de films de zombies et, bien entendu, les punks à chiens…
Alors, que feraient des keupons face à l’Apocalypse ? Parce que c’est bien beau, mais comme le dit si bien Kropotkine : l’anarchie c’est pas le chaos !
Ils vont gérer… avec une logique bien à eux. Et je vous le dis tout net, on est plus du côté Punk de la Force que du côté zombie dans ce roman, ce qui m’allait tout à fait. Le gore et les cadavres ambulants ce n’est pas trop mon délire… Par contre, si vous êtes un habitué des romans de zombies, attendez-vous à être dérouté. Les codes sont là, mais les personnages n’ont pas trop envie de s’y plier…
Ils m’ont été sympathiques dès le départ. Les deux punks destroy m’ont beaucoup rappelé deux loups-garous rencontrés à la lecture d’une novella de Karim Berrouka. Mais, au-delà de ça, j’ai quelques valeurs communes avec certains de ces personnages (et je ne suis pas non plus toute seule dans ma tête, faut admettre que ça aide). Je trouvais amusant d’assister à cette Apocalypse par le biais de ces protagonistes, à la fois cyniques, bien qu’idéalistes, et décalés, eux qui se tiennent en-dehors de tout système. Leur vision des événements est totalement en dehors des clous et c’est rafraîchissant. Je les ai trouvés attachants, mais me suis surtout identifiée à Eva, a.k.a miss anti-tout… J'étais dans l'ambiance, j'anticipais en me marrant toutes les conneries qu'ils allaient faire et la première partie fut un plaisir à lire.
Cependant, le côté mystique de cette Apocalypse (qui pour le coup n’usurpe pas son nom) m’a un peu refroidie à mesure qu’il se développait. On va loin dans l’absurde et le cynisme, même pour moi. C’est d’autant plus grinçant quand sont impliqués de force des personnages réfractaires à toute religion. Entre les péripéties de chacun, plus ou moins intéressantes selon le cas, les anges chelous et les visions prophétiques façon LSD, cela devient vite répétitif et parfois lourd, même si les interrogations que l’on nourrit sur le devenir des personnages aident à tourner les pages. Je n’ai pas aimé la fin, même si elle est terriblement désabusée et étrangement logique.
Mon avis est donc mitigé, j’ai beaucoup apprécié la première moitié du roman, mais trouvé que cela s’essoufflait ensuite. Il y a beaucoup de personnages, qui ont tous un rôle important, cependant le caractère répétitif de leurs aventures peut lasser. Le Club des punks contre l’Apocalypse zombie est néanmoins un roman drôle et complètement barré, toutefois il n'est pas pour autant dénué de réflexion sur la société. Cet aspect-là est très intéressant et le tout ravira un public averti, mais si vous êtes allergiques au Punk ainsi qu’à l’absurde, ce n’est sans doute pas pour vous.

jeudi 14 juillet 2016

Cookie monster

Une novella de Vernor Vinge, publiée aux éditions Le Bélial'.


 

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Non, vraiment, la vie de Dixie Mae n'a pas toujours été rose... Mais grâce à LotsaTech, et au boulot qu'elle vient de décrocher au service clients de ce géant des hautes technologies, les choses vont changer. Telle était du moins sa conviction jusqu'à ce que lui parvienne l'email d'un mystérieux expéditeur, message qui contient quantité de détails intimes liés à son enfance et connus d'elle seule... Dixie Mae, telle Alice, devra passer de l'autre côté du miroir et payer le prix de la vérité - exorbitant : celui de la nature ultime de la réalité au sein de la Silicon Valley...



Plus je lis Vinge et plus je l’apprécie. Sa façon de mêler une SF pointue et réaliste au suspense haletant digne d’un bon polar m’a une fois de plus séduite. Je m’attendais à une bonne lecture, mais Cookie monster est mieux que cela.
Dans cette novella, Vigne nous démontre qu’un petit grain de sable peut enrayer une machine bien rodée et j’aime assez ce principe. Il nous offre une réflexion sur l’intelligence humaine, sur ses possibilités de sujétion et de rébellion. Ce texte court et intelligent est aussi très prenant. En peu de pages, Vinge met en place une intrigue complexe et rythmée, il capte l’attention de son lecteur et ne la lâche plus.
Je ne voudrais pas trop en dire sur cette très bonne intrigue. Découvrir petit à petit les tenants et aboutissants de l’histoire est un des grands plaisirs de cette lecture poussant à la réflexion. À partir du moment où on est pris dans l’engrenage, on avance au même rythme que les personnages et Vinge n’insulte pas notre intelligence en nous expliquant tout point par point, ce qui est très agréable.
Il pousse l’humour jusqu’à se moquer de lui-même, de ses indices « dignes d’un mauvais polar » et de son thème, en faisant références à d’autres auteur de SF et… à ses propres écrits. C’est sans prétention et néanmoins de qualité.
J’en profite pour glisser un mot concernant Une heure-lumière, cette nouvelle collection des éditions Le Bélial’ dont Cookie monster est l’un des premiers titres. L’idée de proposer au public des novellas, format malheureusement bien peu représenté en France, est en soi une excellente initiative. Peut-être l’ouvrage vous paraîtra-t-il un peu cher pour un si petit nombre de pages, mais il vaut largement son prix. J’aime beaucoup l’identité graphique choisie pour cette collection et si tous les titres sont de la même qualité que Cookie monster, elle est plus que prometteuse.
Avec cette novella, Une heure-lumière est à la hauteur de ses ambitions. Mon temps de lecture a filé à la vitesse de la lumière et m’a emmenée très loin. Cette lecture fut aussi ludique que didactique. Même si vous n’êtes pas très fans de SF, je vous conseille vivement ce texte, vous ne perdrez pas votre temps.


 

CRAAA

lundi 11 juillet 2016

How to Talk to Girls at Parties

Une version graphique de la nouvelle éponyme de Neil Gaiman, adaptée par Fábio Moon et Gabriel Ba.
L'édition reliée, dont il est question ici, a été publiée simultanément chez Headline (UK) et Dark Horse (USA).


 

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Présentation de l'éditeur :


How to Talk to Girls at Parties by Sunday Times bestselling writer Neil Gaiman is a graphic novel with extraordinary artwork by the Eisner Award-winning duo Fábio Moon and Gabriel Bá. Soon to be a feature film starring Nicole Kidman, this adaptation is 'a quirky delight' (Audrey Niffenegger) and will appeal to fans of Alan Moore, Dave McKean and beyond.


ENN is a fifteen-year-old boy who just doesn't understand girls, while his friend Vic seems to have them all figured out. Both teenagers are in for the shock of their young lives, however, when they crash a local party only to discover that the girls there are far, far more than they appear!


From the Locus Award-winning short story by Neil Gaiman, one of the most celebrated authors of our time, and adapted in vibrant ink-and-watercolour illustrations by the Daytripper duo of brothers Fábio Moon and Gabriel Bá, this original graphic novel is not to be missed!



Vous pouvez lire ou écouter la nouvelle en V.O. sur le blog de Neil Gaiman. Si vous préférez la version papier, elle est disponible dans le recueil Fragile Things et en français dans sa traduction : Des Choses fragiles paru aux éditions Au Diable Vauvert (chez J’ai lu pour le poche).
Qu’il s’agisse de la nouvelle ou de la BD, le vocabulaire de la version originale est facilement accessible, mais c’est un récit tout en nuances et doubles sens, donc à vous de voir.
J’aime énormément ce texte, c’est du très bon fantastique. L’altérité, la difficulté de grandir et de se confronter aux autres ainsi que l’accomplissement personnel, entre autres thèmes, y sont évoqués avec sensibilité et poésie. Les propos sibyllins des jeunes filles constituent une grande partie de la grâce fragile qui émane de cette histoire.
Ce récit possède plusieurs niveaux de lecture, tout aussi subtiles les uns que les autres. On peut lui trouver une explication tout à fait rationnelle, ou pas… C’est ce qui fait sa magie.
Dans cette nouvelle, on rencontre deux ados de quinze ans, Vic le séducteur et son copain Enn, plus timide, qui est également le narrateur. Ils sont censés se rendre à une fête, mais Vic a oublié le plan. Ils entendent de la musique et sonnent à une porte, mais sont-ils vraiment au bon endroit ?
Pendant que Vic jette son dévolu sur la plus belle fille de la soirée, Enn cherche à résoudre ce mystère qu’est pour lui la gent féminine et va de rencontre en surprise…
La BD m’a autant séduite que la nouvelle. Brillamment adaptée, elle est restée très fidèle au texte d’origine. L’ambiance m’a beaucoup plu. Tout était tel que je l’avais imaginé lors de ma première lecture. Le style graphique est cohérent, coloré, très agréable à regarder. Seul bémol à mon sens, les deux garçons ont l’air plus âgé qu’ils ne le devraient.
J’ai redécouvert cette histoire avec grand plaisir. Les illustrations sont un vrai plus alors, même si vous connaissez déjà la nouvelle, ne vous en privez pas. Cette adaptation est une très belle réussite !

vendredi 8 juillet 2016

L'Emprise du Lwa

Un roman de Patrice Mora, publié aux éditions du Petit Caveau.


 

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Présentation de l'éditeur :


Au cœur de Paris, à quelques mois de l'exposition universelle, Mortimer et Lawrence se voient confier une nouvelle mission.
Les deux gentilshommes doivent se rendre à l’ambassade d’Autriche Hongrie.
Membres de la Loge, organisation occulte chargée de réguler les interactions de la capitale des enfers sur le genre humain, ils entendent mettre un terme à une odieuse alliance.


Alors qu'ils délivrent l’avertissement de la Loge, ils remarquent la présence d’un étrange dandy.
Noyé dans la mousseline des robes de soirées, il évolue aussi bien parmi les diplomates que les démons infiltrés.
Le curieux personnage laisse dans son sillage une aura pimentée aussi puissante qu’une malédiction exotique.
Sa seule présence se pose aussitôt comme une nouvelle énigme.


À la recherche d’une explication, Lawrence va entrainer son novice Mortimer dans l’univers du vaudou, où les relents de la mort se mêlent aux arômes de rhum et de tabac…



La couverture est magnifique. Elle promet une ambiance sombre et baroque, des mystères, du Vaudou… Tout ce que j’aime.
Malheureusement, elle ne tient pas ses promesses… Et j’en suis toujours à me demander quel personnage de cette histoire elle est censée représenter. Cette lecture m’a déçue.
L’Emprise du Lwa commence comme un roman feuilleton. Ce sentiment est vite renforcé par la narration au présent. Le lecteur est propulsé dans l’action sans préambule, il s’imagine avoir affaire à une intrigue en épisodes mais est vite dérouté par l’enchaînement des événements. L’impression d’avoir pris en cours un train lancé à pleine allure ne s’estompe jamais et on peine à trouver une place assise… Pas très drôle quand tout ce qu’on a à faire consiste à regarder défiler le paysage.
On ne nous présente jamais vraiment les personnages et leur personnalité est peu développée. Ils passent leur temps à lisser leurs moustaches et on nous avertit à chaque fois que l’un d’eux, fumeur compulsif, allume une cigarette, au point que ça en devient exaspérant. Les informations que l’on glane sur ce duo ou sur le groupe qu’ils représentent ainsi que leurs ennemis sont minimes. Dans ce cas, il est bien difficile de s’impliquer dans l’histoire.
J’ai du mal avec les narrations à la première personne dans lesquelles le personnage décrit les moindres mimiques ou gestes qu’il fait. Je ne trouve pas cela naturel et on pardonne moins ce qui apparaît comme des lourdeurs en comparaison d’une narration à la troisième personne. Le présent se justifie, il ménage un certain suspense, mais la première personne n’apporte pas grand-chose. Il m’a semblé être entraînée dans une énumération d’actes plus ou moins anodins d’un bout à l’autre du récit. C’est d’autant plus lourd dans les scènes de combats, et il y en a beaucoup… J’ai eu l’impression de regarder quelqu’un jouer à un jeu vidéo. Tout est très visuel et linéaire.
On suit… Dans les rues, dans les limbes, dans les couloirs… On ne fait que suivre et regarder des gens se battre. J’avoue que ça n’est pas du tout ce que j’attends d’une lecture. Je veux réfléchir, ou au moins me poser des questions. Je veux une intrigue consistante, pas galoper derrière des personnages tout juste esquissés sans savoir ce que je fais là.
J’attendais autre chose. Je m’intéressais surtout à cet ouvrage pour l’aspect vaudou, mais au final on ne sait pas trop comment ce Lwa est arrivé là et ses motivations sont tirées par les cheveux.
Je ne me suis pas sentie concernée. En fait, j’irai même jusqu’à dire que je me suis ennuyée.